France: de nouvelles révélations compliquent la situation de François Bayrou

En France, alors que le garde des Sceaux, François Bayrou, a présenté ce mercredi matin en Conseil des ministres son projet de loi sur la moralisation de la vie publique, Le Canard enchaîné publie de nouvelles révélations sur les soupçons d'emploi fictifs des assistants parlementaires européens de son parti, le Modem. Rien d'illégal, rien d'immoral, assure le ministre de la Justice. François Bayrou se retrouve néanmoins dans une situation délicate. Vendredi dernier, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire pour déterminer si le Modem a salarié des employés en les faisant passer pour des assistants parlementaires européens.

Les langues se délient au Modem et il apparaît que le parti centriste de François Bayrou était géré avec une certaine désinvolture et où l'argent versé par le Parlement européen était mélangé au pot commun destiné au financement du parti, écrit Le Canard enchaîné.

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Le 7 juin dernier, Matthieu Lamarre, un ex-salarié du Modem, adresse un courrier au parquet de Paris pour dénoncer la situation. Il montre que son salaire était largement pris en charge par le Parlement européen entre décembre 2010 et novembre 2011, alors que sa mission, dit-il, était de gérer le site internet du parti.

Sa démarche a suscité une vive réaction de François Bayrou, qui a dénoncé une cabale politique, puisque Matthieu Lamarre occupe désormais la fonction de conseiller pour la presse auprès de la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo.

Néanmoins, le cas de Karine Aouadj, l'ex-secrétaire particulière de François Bayrou, risque aussi d'attirer l'attention des enquêteurs. En 2010, les deux tiers de son salaire ont été réglés avec l'argent de Bruxelles, toujours selon Le Canard enchaîné.

Le ministre de la Justice se retrouve donc aujourd'hui en délicatesse avec le parquet dont il est le chef. Une situation particulièrement malsaine, surtout lorsqu'on est chargé d'oeuvrer pour la moralisation de la vie publique.

La moralisation de la vie publique, c'est la toute première réforme de l’exécutif. Une réforme symbole de ce renouveau qu'il veut incarner. Or, son texte est déjà critiqué par le Conseil d'Etat.

« Situation pacifiée » pour Castaner

Sur le plan politique, avec cette enquête, le cas Bayrou se transforme chaque jour davantage en boulet. Pour la première fois depuis l'ouverture de l’enquête, le porte-parole du gouvernement a évoqué la règle : un ministre mis en examen doit démissionner.

Mais Bayrou n'aime pas se faire recadrer. Le Garde des Sceaux revendique sa liberté de parole. En déplacement hier, puis en interview radio ce matin, et enfin dans le journal Le Monde daté de demain, il a déclaré : « Je ne suis pas devenu muet en entrant Place Vendôme [...] Je n’ai pas l’intention de me mettre un bâillon. »

La situation semble pour le moins volatile. Dernière position du gouvernement, via son porte-parole, Christophe Castaner : « La situation est totalement pacifiée », entre François Bayrou et Edouard Philippe.

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