La fin de la trêve hivernale a vu une reprise massive des expulsions locatives et notamment des prioritaires Dalo. Pour la fondation Abbé Pierre, il s’agit d’une violation à la loi sur le droit au logement opposable (Dalo).
Manuel Domergue, directeur des études à la fondation Abbé Pierre, s’inquiète d’une situation qu’il juge « alarmante » et « incohérente ». « Ces personnes sont expulsées, alors que pourtant elles sont reconnues prioritaires parce qu’elles sont menacées d’expulsion. Donc, l’Etat d’un côté leur reconnaît une priorité, s’engage à les reloger. Mais c’est le même Etat qui les expulse. Donc, c’est complètement incohérent. Pourquoi on n’attend pas un petit peu, en les laissant maintenus dans leur logement jusqu’au moment où on leur trouve un relogement. C’est la loi. »
Mouna, 30 ans et mère de 3 enfants, est à bout. Il y a 3 ans, son mari perd son travail. Et c'est l'escalade. Les factures s'accumulent et un jugement de demande d'expulsion est prononcé. Ils arrivent peu à peu à remonter la pente, à régler leur dette et leur loyer. Mais c'est insuffisant.
« J’ai reçu un papier du commissariat disant qu’à partir du 1er juin, on est expulsés. Donc, le préfet a ordonné le recours à la force publique. Là, j’ai peur de ce qu’il va se passer. Je ne sais pas comment faire. Mais c’est sûr et certain : je vais rester chez moi, j’ai nulle part où aller. »
Pour la fondation Abbé Pierre, le préfet doit respecter la loi Dalo, mettre fin aux expulsions et reloger ces familles.