Carburants: la grève des transporteurs s’essouffle mais les stations s’épuisent

En France, plus de 500 stations-service étaient en pénurie de carburant ce mercredi 31 mai, conséquence des blocages qui frappent les principaux dépôts de carburants depuis six jours. Mais alors que certains chauffeurs de camions-citernes veulent continuer le mouvement, les premières voix discordantes se font entendre.

Des klaxons retentissent pour soutenir la quinzaine de chauffeurs qui filtre l'accès au dépôt de Gennevilliers. Leur but : inciter les non-grévistes à ne pas ravitailler leurs camions. Mais après sept jours de grève, certains ne peuvent plus continuer, notamment ceux qui travaillent pour de petites entreprises. « Moi je le soutiens [le mouvement], mais je ne le fais pas. Parce que je travaille pour une petite boîte qui peut perdre un contrat. Et si elle le perd, je suis à la rue », justifie l’un d’eux.

Remotiver les troupes

Face à ce discours de plus en plus fréquent, les chauffeurs de camions-citernes en grève tentent de remotiver les troupes. « A un moment, on est tous fatigués. Les chauffeurs pensent à leurs crédits pour leur maison, leur voiture… Ils ont besoin de sous, ils sont fatigués moralement. Le patronat et les ministères le savent. Mais on va tous les rappeler et leur garantir qu’ils toucheront leur salaire », promet ainsi Salah Benboua, délégué syndical Force ouvrière.

Ceux qui ont décidé de poursuivre la grève se défendent de prendre les automobilistes en otage. « Prendre en otage, c’est avoir une arme et forcer quelqu’un. Moi je ne force personne. C’est sûr que pour les personnes qui vont travailler, c’est embêtant, mais on n’a pas le choix », fait valoir Thiago Moreira.

Lancé il y a six jours, le mouvement des conducteurs de camions-citernes vise à obtenir une amélioration de leurs conditions de travail, notamment des journées moins longues et un meilleur salaire. Et ses conséquences commencent à se faire ressentir. Selon l’application participative mon-essence.fr, mise à jour à partir des informations remontées par les abonnés, plus de 900 stations en France étaient touchées ce mercredi après-midi par le manque d’essence, dont 505 en rupture totale, sur les 11 000 que compte l’Hexagone.

Ruée dans les stations

Le gouvernement appelle les automobilistes au « civisme » et à conserver leurs habitudes de consommation de carburant. Mais il peine à être entendu. Craignant une pénurie, ceux-là se ruent dans les stations-service. Ainsi, près de cette station parisienne, l’une des dernières du quartier à ne pas être à sec, les pare-chocs se touchent sur plusieurs centaines de mètres, les voitures montent sur les trottoirs, slaloment entre les policiers. Toutes ont la même destination : la pompe à essence.

« J’ai attendu deux heures, témoigne une conductrice. En faisant un peu de forcing quand même, parce que les gens contournent, passent les uns devant les autres. C’est l’horreur, quoi. » Surtout que certains carburants commencent à manquer. « Il n’y a plus de 95, il n’y a plus de diesel, donc il ne va me rester que le 98, si les voitures devant en laisse. Sinon j’aurais gaspillé de l’essence à essayer d’en trouver », résume une autre.

« Des avancées significatives »

Cinq syndicats du transport ont été invités ce mercredi en fin d’après-midi au ministère des Transports pour discuter de « la prise en compte de la spécificité des chauffeurs transportant des marchandises dangereuses », afin de trouver une sortie au conflit. A l'issue de cette réunion, la CGT a salué des « avancées signficatives » qui pourraient aboutir à « la levée du mouvement en vue du week-end de trois jours » de la Pentecôte.

Le gouvernement doit ainsi présenter le 16 juin aux syndicats un certain nombre de modifications des contrats types, ce qui devraient répondre en grande partie aux revendications des salariés sur les conditions de travail. Un calendrier a également été arrêté pour la reconnaissance du métier spécifique de matières dangereuses, a rapporté le représentant de la CGT Jérôme Vérité.

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