Présidentielle: après la défaite, Fillon se retire, le PS veut serrer les rangs

Ce 24 avril, le Parti socialiste resserre les rangs tandis que Les Républicains réunissaient leur comité politique. Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle qui a vu l'élimination des deux grandes formations de droite et de gauche, l'heure est à la réflexion sur les prochaines échéances comme les législatives ou l'attitude à tenir vis à vis d'Emmanuel Macron.

L’heure des explications a sonné à droite. Arrivé troisième au premier tour de la présidentielle, François Fillon reconnaît son échec. « Je n'ai plus la légitimité pour mener » le « combat » des législatives, a-t-il déclaré devant le bureau politique du parti Les Républicains. « Je vais redevenir un militant de cœur parmi les autres. Je vais devoir penser ma vie autrement, panser aussi les plaies de ma famille », a-t-il annoncé.

Appelant à l'unité, François Fillon a souhaité bon courage à sa famille politique, avant de s'en aller. Arrivé à 17h, il est parti sept minutes plus tard. S'agit-il d'un au revoir ou d'un adieu ? Plusieurs élus penchent pour la seconde option.

Jean-François Copé veut faire tomber les têtes

L'ancien Premier ministre avait retrouvé lundi matin les cadres du parti réunis en comité politique. La réunion a duré plus de deux heures. Les ténors du parti avaient apparemment beaucoup à se dire. Au lendemain de la défaite, l’objectif était de trouver une ligne commune pour le second tour et voter Emmanuel Macron.

A son arrivée, Jean-François Copé a appelé à une reconstruction profonde de la famille. Le député veut faire tomber les têtes fillonistes et se prononce pour une direction collégiale. D’autres, comme Luc Chatel, ex-porte-parole de cette campagne, préfèrent au contraire tourner au plus vite la page de la présidentielle et se lancer dès maintenant dans la bataille des législatives. « Cette élection est à quatre tours, nous n'en avons fait qu'une étape, rappelle-t-il. Mais il y a encore un long chemin et ce qui est important, ce sont les législatives qui déterminent le programme qui dirigera la France dans les cinq prochaines années ».

Enfin, troisième voie à se faire entendre : celle de Thierry Solère, Christian Estrosi ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet qui mettent en garde. Avant de parler des législatives, il faut d’abord s’assurer de l’élimination de Marine Le Pen au second tour. Nathalie Kosciusko-Morizet veut que son camp s’adresse aux électeurs de la droite qui auraient du mal à mettre un bulletin Emmanuel Macron dans l’urne le 7 mai.

Les 120 membres du bureau politique du parti ont finalement tranché dans la soirée en excluant l'abstention face au FN. « Face au FN, l'abstention ne peut être un choix. Nous appelons à voter contre Marine Le Pen pour la faire battre au second tour de l'élections présidentielle », dit le texte, laissant ainsi le choix aux électeurs de voter blanc ou en faveur d'Emmanuel Macron. Nadine Morano et Laurent Wauquiez notamment se sont battus pour cette option avec un argument : comment se ranger derrière celui que François Fillon n'a cessé d'attaquer dans cette campagne ?

Le texte a été adopté, mais sans vote. « Voter nous aurait conduit à nous diviser », reconnaît Bernard Accoyer, le chef du parti Les Républicains. Une division qui surviendrait au mauvais moment, juste avant les législatives. Mais rien ne garantit que les risques de déchirement soient écartés.

Au PS, lutte contre le FN

Au Parti socialiste (PS), moribond après la cinglante déroute de son candidat Benoît Hamon, l'heure est à l'effort pour serrer les rangs, comme en témoigne l'appel solennel signé du patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis. « L'introspection viendra, a-t-il déclaré. L'analyse de cette défaite prendra du temps car elle vient de loin. Mais pas maintenant. Car le temps de l'explication n'est pas venu. Aujourd'hui, il faut se situer dans le temps de l'action. Dans cette période troublée, la main des socialistes ne peut trembler. Marine Le Pen présidente, ça jamais ».

La lutte contre le FN met tout le monde d'accord, frondeurs comme légitimistes. « Les étapes se franchissent les unes après les autres mais pas en anticipant des étapes qui n'ont pas lieu d'être, estime ainsi le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Il y a un deuxième tour et il faut être mobilisé et rassemblé ».

Le dossier explosif des législatives arrive très vite. Au PS, on se demande quelle ligne politique commune adopter, quels accords sont possibles avec les écologistes et les communistes et aussi s'il faut sanctionner ceux qui ont rejoint En marche, le parti d'Emmanuel Macron. Les 577 circonscriptions législatives en France représentent autant de possibilités de se déchirer.

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