Avec notre envoyée spéciale à Cayenne, Alice Pozycki
Pour croiser du monde à Cayenne samedi, mieux valait se rendre au marché plutôt qu’au bureau de vote. Cet habitant est venu faire ses courses au marché sans passer par la case isoloir. « Que vous votiez ou que vous ne votiez pas ils ne vous entendent pas, justifie-t-il. Moi j’ai deux enfants, ils sont obligés d’être dans l’Hexagone pour bosser. Avec tous les diplômes qu’ils ont, il n'y a que dalle ici ! »
Il estime que la Guyane est laissée de côté. La preuve, dit-il, avec l’organisation particulière du scrutin jusqu’en 2012. Avant cette date, la Guyane votait en effet en même temps que l’Hexagone, mais le décalage horaire rendait l’élection absurde. « Lorsque l’élection présidentielle était réalisée, on savait déjà qui était le président de la République, et nous en Guyane, excusez-moi l’expression, comme des cons on était toujours en train de voter ! Vous trouvez ça normal ? »
Joe est commerçant sur le marché de Cayenne. Il s’est mobilisé tout au long du mouvement social qui a frappé la Guyane ces dernières semaines. Au lendemain de la signature de l’accord, il n’est pas allé voter. « Aujourd’hui on n’est pas vraiment préparé, regrette-t-il. Il fallait qu’on nous impose une date pour voter, mais pas en ce moment. On n’est pas prêts. On n’a pas eu les négociations qu’il faut avec certains partis. »
Malgré son choix de s’abstenir, Joe compte suivre les résultats, disponibles ici comme dans tout le reste de la France, dès que tous les bureaux de vote auront fermé.