Ségolène Royal n'oubliera pas la scène de sitôt. Il y a tout juste un mois, en pleine conférence internationale de la convention de Carthagène en Guyane, la ministre de l'Environnement est prise à partie par des hommes portant des cagoules noires. Derrière ces cagoules, un collectif, celui des 500 frères. Ils dénoncent l'insécurité qui sévit en Guyane.
Deux jours plus tard, des manifestants installent un premier barrage à l'entrée du centre spatial guyanais de Kourou. Un lieu symbolique, c'est l'unique base de lancement de fusées en Europe.
Très vite, la mobilisation s'élargit, la population dénonce les problèmes de santé, d'éducation, d’économie, de sécurité. Le département tourne au ralenti. Ni les excuses de la ministre des Outremers, ni le plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros avancé par le gouvernement ne mettent un terme à la mobilisation.
Trois semaines après le début du conflit, pourtant, l'unanimité n'est plus au rendez-vous. Le Medef, d'abord solidaire du mouvement, prend ses distances. Une partie de la population réclame la levée des barrages et appelle les manifestants à exprimer leur colère dans les urnes plutôt que sur les routes. Le département a l'habitude de bouder les isoloirs. Lors de l'élection présidentielle de 2012, près de la moitié des Guyanais s'était abstenue.