Avec notre envoyé spécial place de la République, Stéphane Lagarde
Des bougies pour la famille de Liu Shaoyo étaient disposées vendredi 31 mars, place de la République, lors d’un nouveau rassemblement. Sous la pluie battante et le vent, la trentaine de personnes présentes avait bien du mal à contenir la flamme en forme de cœur. Parmi les manifestants, les représentants des associations s’indignaient que les Français d’origine chinoise soient une fois de plus assimilés à la mafia.
« Il faut rester vraiment prudent avec ce type de cliché qui sert à délégitimer des manifestations spontanées », regrette Chuang Ya han, docteur en sociologie à la Sorbonne et spécialiste des Chinois de France.
Lors de précédents rassemblements contre l’insécurité, la main de la mafia avait déjà été évoquée, ont affirmé les associations. La communauté en avait d’ailleurs fait une chanson parodique.
Depuis quelques jours, les PMU et bars tabac chinois boycottent le journal Le Parisien, en Ile de France, accusé de faire la part belle à la version policière. C'est ce quotidien qui a révélé la note de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) vendredi qui pointait un « gros poisson » de la mafia parmi les manifestants.
Silhouette imposante, Cao Hua qing a eu pourtant bien du mal à faire venir la foule ce vendredi. Ancien repris de justice, « le gros » comme l’appellent les associations, est devenu une sorte de grand frère qui aide à sécuriser son quartier d’Aubervilliers. C’est lui que les enfants de Liu Shaoyo ont appelé le premier quand leur père a été tué dimanche. « J’ai trouvé ses filles en chemise de nuit en bas de leur immeuble, elles pleuraient, j’ai pleuré aussi », dit-il.
Un nouvel hommage à Liu Shaoyo est annonce dimanche 2 avril, toujours place de la République à Paris.