Benoît Hamon n'a pas eu de mots assez durs pour dénoncer « un ralliement inacceptable » et « la trahison des électeurs de gauche ». « Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de trahisons. Parce que ce sont des trahisons, des trahisons pas de moi - je ne demande rien - mais d'une histoire, de valeurs que nous représentons, de la place qui doit être celle de la gauche », a déclaré le candidat socialiste sur Europe 1 vendredi matin.
« D’abord il y a le respect des principes les plus élémentaires : dans une élection, on respecte le verdict de l’élection, a-t-il insisté. Et la primaire est une élection qui a rassemblé plus de deux millions de citoyens. Ça me frappe beaucoup que ces responsables politiques, à un moment où le Front national - parti profondément anti-démocratique - est aux portes du pouvoir, on oublie jusqu’au principe le plus élémentaire qui consiste à respecter la démocratie. Comment voulez-vous que les électeurs nous respectent si nous ne respectons pas ce que les électeurs disent et veulent ? »
Malgré ce ralliement, Benoît Hamon assure ne pas en vouloir au ministre de la Défense :« Je ne lui en veux pas parce que je n’attendais rien de lui ».
Le Drian n'y voit pas une trahison
Face à ces accusations de « trahison », le principal intéressé s'est défendu sur la chaîne CNews : « La seule trahison que je ne peux pas accepter, c’est la trahison par rapport à mon histoire, par rapport à ma conscience, par rapport à mes convictions. Mes fidélités, elles sont là. » Jean-Yves Le Drian a justifié sa position en détaillant ses désaccords avec Benoît Hamon. Mais il a surtout pointé « certaines initiatives de renoncement de ce qui a été fait et acquis durant ce quinquennat dont je suis fier. »
« Benoît Hamon est dans une logique que je respecte, qui a toujours existé au sein de la gauche, un projet utopique, mais je constate que la mise en œuvre d'un tel projet ne correspond pas à la réalité des faits et à la capacité à faire », a-t-il argué. « Je respecte mon propre itinéraire. Je ne pourrais pas accepter d’être en divergence avec ma propre histoire. Et maintenant c’est une autre histoire. »
Après ce ralliement de poids, le candidat d’En marche! pourrait prochainement être rejoint par d'autres ministres : le chef de la diplomatie, Jean-Marc Ayrault ou bien encore Jean-Marie Le Guen à la tête de la Francophonie.
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