En moins de 24h, le destin politique de Bruno Le Roux a basculé. A 18h, ce mardi soir, dans une intervention télévisée depuis Bobigny, il déclare qu'il « voit et entend le débat »tout en affirmant « (s)on honnêteté dans (s)es rapports humains comme dans (s)es actes politiques ». Selon lui, les contrats de ses filles « ponctuels et officiels », « correspondaient tous bien sûr à des travaux effectivement réalisés ».
Mais, poursuit-il, « je ne veux à aucun prix que ce débat puisse atteindre le travail du gouvernement ». Bruno Le Roux a remis sa démission au président de la République cet après-midi.
« Premier flic de France » depuis décembre 2016, il est visé par une enquête du parquet national financier depuis ce mardi matin. Hier soir, l'émission « Quotidien » sur TMC (anciennement « Petit Journal » sur Canal Plus), révélait que Bruno Le Roux, 51 ans, a employé ses filles en CDD, alors qu'elles étaient lycéennes puis étudiantes, entre 2009 et 2016.
Elles n'avaient, lors des premiers contrats (24 établis à leurs noms au total), que 15-16 ans. D’après l'émission, certains de ces CDD ont pu se superposer avec des stages en entreprise ou leur temps scolaire. Le montant total de ces contrats se chiffre à 55 000 euros. Bruno Le Roux était alors le chef de file des députés socialistes à l'Assemblée nationale.
Bruno Le Roux a été reçu à l'Elysée par François Hollande et Bernard Cazeneuve à 14h30. Dans l'après-midi, Benoît Hamon, candidat du PS à l'élection présidentielle, avait appelé à sa démission.
Matthias Fekl, 39 ans, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur et au Tourisme, a aussitôt été nommé pour le remplacer.
L'Oclciff en charge des investigations
Ces révélations, qui interviennent un mois avant une élection présidentielle jugée cruciale, mettent brutalement un terme à son travail au gouvernement, où il a succédé à Bernard Cazeneuve, devenu Premier ministre. Vieux compagnon de route du PS et proche de François Hollande, son épisode ministériel aura duré trois mois et quinze jours. « Lorsqu'on est attaché à l'autorité de l'Etat, on est impeccable face aux institutions et aux règles qui les régissent », avait déclaré ce dernier dans l'après-midi.
Les investigations ont été confiées à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff), a précisé le PNF dans un communiqué. Le PNF « étudie les éléments révélés par la presse » sur Bruno Le Roux, a indiqué mardi une source judiciaire.
C'est ce parquet spécialisé, créé après l'affaire Cahuzac, qui a ouvert des enquêtes concernant le candidat à la présidentielle François Fillon mais aussi la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen, elle aussi suspectée d'emplois fictifs, mais au Parlement européen.