La rencontre avec la chancelière allemande ce 16 mars 2017 tombe bien pour Emmanuel Macron, au moment où il essaie de se crédibiliser sur les sujets régaliens, considérés comme son point faible. Et cela fait oublier qu’en janvier quand il était venu une première fois en Allemagne, Angela Merkel ne l’avait pas reçu. Elle avait préféré réserver la primeur quelques jours plus tard à François Fillon, qui n’était pas encore empêtré dans une affaire judiciaire.
Dans l’équipe d’Emmanuel Macron, on considère que c’était normal étant donné la proximité des partis politiques de la chancelière et de François Fillon, précise notre envoyée spéciale Valérie Gas. Mais on s’empresse d’ajouter qu’aujourd’hui, Angela Merkel porte d’autant plus d’intérêt à Emmanuel Macron qu’il est devenu un « possible président de la République » et qu’il est le candidat « le plus européen et engagé en faveur de la relation franco-allemande ».
En recevant Emmanuel Macron à la chancellerie comme elle l’avait fait pour François Fillon, Angela Merkel remet donc les compteurs à zéro. François Fillon a essayé de minimiser l’importance de cette rencontre, en déclarant qu’il savait de quel côté balance le cœur d’Angela Merkel, sous-entendu le sien. Chez Emmanuel Macron, on fait mine de s’en amuser en répondant qu’il a « bien de la chance de le savoir », ajoutant qu’Emmanuel Macron « n’entrera pas dans ce jeu ».
Le candidat Macron vu de Berlin
« La France doit prendre ses responsabilités et se réformer. C’est seulement après que je m’attends à ce que Berlin se rapproche de la France ». Une fois de plus dans une interview accordée à la télévision allemande avant sa visite à Berlin, Emmanuel Macron a tenu des propos qui séduisent ici, rapporte notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. Comme cela avait été le cas il y a deux mois lorsque le candidat de « En marche » avait rendu hommage à Berlin à la politique migratoire d’Angela Merkel.
Une France qui tient ses engagements européens et se réforme, cela plaît plutôt en Allemagne où la classe politique et les médias décrivent souvent un pays bloqué et un bilan Hollande catastrophique. Deuxième point positif qui explique la « macronmania » en Allemagne, le profil pro-européen du candidat. Même si on a peut-être oublié qu’en janvier, Emmanuel Macron avait aussi formulé des demandes à l’Allemagne notamment investir plus et œuvrer pour une Europe plus solidaire.
Dernier bonus décisif dans un pays où chaque Allemand vous demande immédiatement si Marine Le Pen peut gagner la présidentielle, Emmanuel Macron est perçu désormais comme le meilleur rempart contre la candidate du Front National. « Peut-il stopper Le Pen ? » s’interrogeait en une la semaine dernière un quotidien allemand.