Comme s’il avait décidé que la cause était perdue, Benoît Hamon ne fait même pas une tentative pour amadouer ces socialistes en voie de le lâcher : « Moi, je veux tourner la page. Tourner la page avec des recettes du passé qui rappellent des campagnes de 2007, des campagnes d’auparavant aussi, des campagnes peut-être même de 2012. Et ces recettes ont échoué. Moi, je suis un combattant. De là où je viens, j’ai appris à me battre, et j’ai appris à me battre y compris quand le vent est mauvais. »
Et le candidat socialiste déclare vouloir continuer le combat et toujours chercher à convaincre et à rassembler : « Mais je rassemblerai d’abord qui ? Lance-t-il. Celles et ceux que je croise, partout dans mes meetings, partout dans la rue, ceux qui me parlent, s’adressent à moi et disent que, ils ne sont pas encartés. Ce sont des jeunes actifs, ce sont des agriculteurs, ce sont des retraités qui croient encore qu’il y a la possibilité en France d’incarner un futur désirable. J’ai parlé de ça. »
Un « futur désirable »
«C’est quoi un futur désirable ? C’est espérer, clame le candidat Hamon, que demain l’avenir de la France nous amène à vivre dans un monde dans lequel l’air soit respirable, dans un monde dans lequel on soit aussi protégé demain qu’on l’a été hier. Si à la première salve, quelques-uns se dispersent, déguerpissent, soit. Mais moi aujourd’hui, ma responsabilité elle est d’abord vis-à-vis du peuple de gauche qui m’a confié le devoir d’être au second tour de l’élection présidentielle et de l’emporter. »
Benoît Hamon se montre frontal, virulent même, face à sa cible, Emmanuel Macron. Un vote « marchepied » pour le Front national, dit-il, un vote pour l’instabilité aussi : « La politique, ce n’est pas de la comédie. Demain, comment Emmanuel Macron gouvernera en allant de Robert Hue à Alain Madelin ? Pouvons-nous prendre le risque d’une majorité instable, avec le Front national aux portes du pouvoir. » Encore au sujet d’Emmanuel Macron : « Je ne le crois pas prêt à affronter les grands défis de l’Etat face à la question européenne, face à monsieur Trump, face à monsieur Poutine, et face surtout à son propre peuple. Je ne le crois pas capable. »
La petite musique du « vote Macron, vote utile » face au FN, un danger pour Benoît Hamon ? Alors, face aux procès en gauchisme dans son propre camp, le candidat lance un « Je suis social-démocrate. »