François Fillon: premières défections à droite, vives critiques à gauche

Les réactions se multiplient après l’annonce de François Fillon de son maintien coûte que coûte dans la course à l'Elysée, malgré sa prochaine mise en examen. Cette sortie alimente la division à droite avec de premières défections, celles de Bruno le Maire et Pierre Lellouche. Les adversaires du candidat LR pointent un manque de lucidité tandis que François Hollande condamne les attaques de Fillon contre les magistrats.

Le candidat LR s'est finalement rendu au Salon de l’Agriculture ce mercredi après-midi 1er mars 2017 au milieu d'une cohue de caméras, sa marche rythmée par ses partisans scandant « Fillon, président » et ses adversaires criant « Voleur ! Rends l'argent ».

Au sujet de sa mise en examen, il avait jugé quelques heures plus tôt : « Par ce déchaînement disproportionné, sans précédent connu, par le choix d'un calendrier, ça n'est pas seulement moi qu'on assassine, c'est l'élection présidentielle ». Il était alors en présence de plusieurs figures de son parti comme Valérie Pécresse, François Baroin ou Eric Woerth.

Cette attaque a suscité des réactions au plus haut sommet de l'Etat. Dans un communiqué, François Hollande s'est élevé « solennellement contre toute mise en cause des magistrats ». « Une candidature à l'élection présidentielle n'autorise pas à jeter la suspicion sur le travail des policiers et des juges »  ni à formuler des « accusations extrêmement graves », selon le président de la République. Le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a également rappelé que « les magistrats ne reçoivent aucune instruction individuelle et qu'ils conduisent leurs enquêtes en toute indépendance ».

Dans les rangs de la magistrature, les juges se disent stupéfaits d'être mis en cause si violemment, explique Virginie Duval, président de l'Union syndicale des magistrats : « On a un candidat qui aujourd'hui vient attaquer le fonctionnement même de la justice, alors que si il était élu président, il devrait être garant de l'indépendance et du fonctionnement de l'autorité judiciaire. Donc on a un problème de positionnement du candidat à la présidentielle. Un responsable politique d'un aussi haut niveau qui met en cause l'institution judiciaire, il attaque la République dans son ensemble, puisque la justice est un des pilliers de notre démocratie, et la justice doit être respectée au même titre que toutes les institutions ».

Défections à droite

Deux heures après la déclaration de François Fillon, Bruno Le Maire, ancien candidat à la primaire de la droite, a annoncé sa démission de ses fonctions de représentant pour les affaires européennes et internationales auprès du candidat, au nom du « respect de la parole donnée ». François Fillon avait, en effet, initialement indiqué qu'il se retirerait s'il était mis en examen, avant de faire machine arrière, expliquant mi-février s'en remettre désormais « au seul suffrage universel ».

Plusieurs députés qui avaient soutenu la candidature de Bruno Le Maire à la primaire ont dit dans la foulée soutenir sa décision, à l'instar de Franck Riester, député-maire LR de Coulommiers, de la députée d'Eure-et-Loir Laure de La Raudière, ou du député de Haute-Saône Alain Chrétien.

Le député LR Pierre Lellouche, lui, souhaite que François Fillon retire sa candidature et il propose de saisir le Conseil constitutionnel afin de demander le report de l’élection présidentielle. « Franchement, ce qu'ils ont fait ce matin, politiquement, c'est tout ce qu'il ne fallait pas faire. C'est n'importe quoi... », s'alarme un membre de LR.

La députée LR Catherine Vautrin, élue de la Marne et l'une des vice-présidentes de l'Assemblée nationale, souhaite pour sa part que désormais « François Fillon consacre toute son énergie à défendre son honneur » et réclame « un autre candidat ».

Trois juges d'instruction ont été saisis pour enquêter dans cette affaire d'emplois présumés fictifs de l'épouse, mais aussi de deux des enfants de François Fillon comme collaborateurs parlementaires. Triomphalement désigné lors de la primaire de la droite fin novembre, l'ancien Premier ministre, décroché dans les sondages, est en grande difficulté depuis la révélation de cette affaire.

L'UDI suspend sa participation à la campagne de Fillon

Ses adversaires à la présidentielle ont vivement critiqué les propos de François Fillon. Emmanuel Macron l'a accusé de perdre « ses nerfs » et « le sens des réalités », refusant l'idée de toute « trêve judiciaire » pendant la campagne. Benoît Hamon a condamné « une incroyable violence » de ses propos, tandis que Jean-Luc Mélenchon a dit avoir « de la peine » pour la droite, qui mériterait « un candidat présentable ».

L'UDI, qui avait annoncé ce mercredi matin la conclusion d'un accord électoral avec les Républicains, fait volte-face, et affirme ce mercredi après-midi « suspendre » sa participation à la campagne de Fillon.

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