Dans l’équipe de Benoît Hamon, le constat est amer : le candidat socialiste a perdu un mois dans des accords d’appareils. Militants de base comme ministres, ils sont nombreux au PS à rester l’arme au pied, déçus. Et surtout inquiets.
« En Chine, où la moitié du gouvernement s’est déplacé la semaine dernière, on ne parlait que de Marine Le Pen, de son poids grandissant dans la campagne », raconte un ministre. « En face, la seule musique qu’on entend, c’est un discours gauchisant, dit un membre du gouvernement. C’est 1981, sans les nationalisations. »
Sauf que Benoît Hamon n’est pas François Mitterrand. Et qu’il n’a pas enfilé le costume de présidentiable. « Ça, il n’en est pas question », prévient un de ses proches. Car c’est également sur ce côté accessible, ce refus de se présenter en homme providentiel, que repose une partie de son succès. Pas question non plus d’assouplir son programme. « On ne gagnera pas avec un programme à l’eau tiède », affirme Benoît Hamon.
Mais des poids lourds du gouvernement, comme Jean-Yves Le Drian, Stéphane Le Foll ou Marisol Touraine, réfléchissent désormais sérieusement à dire qu’ils vont voter Macron pour éviter Le Pen. Et en privé, ils mettent la pression à Benoît Hamon : soit il reste dans son schéma, soit il redonne un élan à sa campagne. Mais d’après une ministre, quoi qu’il arrive, les 10 à 15 jours qui viennent vont être décisifs.