« On est là pour Théo, pour que justice soit faite. » Shana, Lydia et Jeanne sont en première dans un lycée parisien. Répondant à l'appel lancé par des mouvements antifascistes, elles font partie de ces quelques centaines de manifestants qui se sont rassemblés ce jeudi place de la Nation à Paris. Au milieu des slogans criés et des roulements de djembés, elles réclament que justice soit faite pour Théo, ce jeune homme victime d'un viol présumé lors de son interpellation à Aulnay-sous-Bois jeudi 2 février.
Mais à leur détermination se mêle un peu de fatalisme. « Théo, ce n'est pas le premier, ce ne sera pas le dernier », affirme l'une d'elles. « Face à des jeunes comme ça, ce sont toujours les policiers qui ont raison. Ils s'en sortent sans rien du tout et on s'étonne après qu'ils recommencent sans arrêt. Ce n'est pas parce que ce sont des policiers qu'ils ont tous les droits. Il faut qu'ils soient punis », lance une autre.
Mohamed, en terminale, manifeste contre les violences policières depuis qu'il est au lycée. « Rien n'a changé, on a l'impression que ça empire. Les violences s'accentuent, il y a de plus en plus d'interpellations. On nous dit qu'il y a des délinquants, des casseurs parmi les manifestants, mais les véritables délinquants, c'est la police », accuse le jeune homme. « Quand on se fait contrôler parce qu'on a une tête d'arabe ou de Noir, ou parce qu'on est issu d'un quartier jugé difficile, c'est une forme de violence », assure le jeune homme.
Des contrôles de police pas objectifs, pour le Défenseur des droits
En 2016, le nombre de réclamations liées à un manquement des forces de l'ordre a grimpé de près de 35 %. Les contrôles d'identité ne sont pas objectifs, a affirmé le Défenseur des droits lors d'une conférence de presse ce jeudi. Jacques Toubon s'appuie sur sa dernière étude qui indique que 80 % des jeunes perçus comme noirs ou arabes ont déjà été contrôlés par la police. « Le drame de Théo donne raison en quelque sorte aux résultats de cette étude », estime Jacques Toubon. « Il y a un problème entre cette partie de la population et une partie de la police. C’est cela qu’il faut traiter par une volonté politique », analyse-t-il, jugeant que celle-ci n’existe pas encore.
Pourtant les solutions existent, assure Jacques Toubon. Parmi elles, le Défenseur des droits plébiscite la traçabilité des contrôles d'identités. « Il faut qu’on sache où il y en a eus, par qui, dans quelles conditions et pour quels motifs ils ont été faits. Il faut aller vers une transparence à partir de laquelle le nombre de contrôles va diminuer. Le nombre de contrôles discriminatoires diminuera également », avance-t-il.
D'autres mesures pourraient être mises en place, notamment le retour de la police de proximité et une réforme de la formation des policiers. Des solutions pour lesquelles plaident également les associations de lutte contre les violences policières.