Le foulard ne laisse apparaitre que l'ovale du visage. Kenza, 43 ans, et sa famille sont menacés d'expulsion. Pourtant, ils vivent à six dans un appartement parisien de 20 mètres carrés. « La propriétaire veut récupérer l'appartement pour son fils. J'ai fait des démarches auprès de l'assistante sociale, j'ai essayé d'envoyer des lettres au préfet, au ministre... j'attends encore », s'inquiète-t-elle.
Manuel Domergue est chargé des études à la fondation Abbé Pierre. Il dénonce l'augmentation des expulsions locatives en France. « On a dépassé les 14 000, c'est un record historique depuis qu'on mesure le nombre d'expulsions locatives. C'est quand même un signal d'échec qui devrait alerter le gouvernement. 24 % d'expulsions locatives en plus en un an, avec le concours de la force publique, c'est très inquiétant. D'autant que de nombreuses expulsions se font sans le concours de la force publique, parce que les gens, pendant la procédure, sont intimidés, s'en vont d'eux-mêmes ou parfois sont expulsés manu militari, de manière illégale, par leur propriétaire », déplore-t-il.
Dans la perspective de l'élection présidentielle, la fondation Abbé Pierre appelle à une mobilisation de la classe politique et se dit prête à avancer ses arguments auprès de tous les candidats.