Primaire à gauche: le camp Valls à l'offensive sur la laïcité avant le débat

Benoît Hamon et Manuel Valls face à face. C'est ce soir qu'a lieu le débat du second tour de la primaire à gauche. Depuis l'annonce des résultats, Manuel Valls et son camp se montrent très offensif à l'égard de celui qui est arrivé en tête du premier tour. Et hier, le ton est à nouveau monté d'un cran, Benoît Hamon se voyant accusé d'être laxiste dans la lutte contre le communautarisme.

Cette fois-ci, le débat sera un face à face. Et Manuel Valls espère bien en profiter pour essayer de rattraper son retard en attaquant son adversaire : « Je n’ai pas d’ennemi, mais c’est un débat très important devant les Français sur l’idée qu’on se fait du travail, sur l’égalité femme-homme. »

L'égalité femme-homme, c'est l'un des sujets sur lesquels l'ancien Premier ministre veut pousser Benoît Hamon au faux pas. A l'occasion d'un déplacement à Saint-Denis dans une Maison des femmes, il a avancé ses arguments : « Aucune tradition culturelle dans la République française ne peut admettre qu’on interdise à des femmes un lieu ou un espace public. Il ne peut pas y avoir d’ambiguïté encore une fois sur l’égalité entre la femme et l’homme, et les débats sont là pour clarifier et pour lever toutes les ambiguïtés. »

Une attaque en règle destinée à mettre Benoît Hamon en difficulté, lui qui avait relativisé la discrimination vis-à-vis des femmes interdites d'entrer dans certains cafés de banlieues, au prétexte que dans les « cafés ouvriers historiquement, il n'y avait pas de femmes ». De là, l'entourage de l'ex-Premier ministre n'a cessé d'appuyer sur la bienveillance supposée du candidat Hamon envers le communautarisme.

« Je ne l’ai pas traité (d'islamo-gauchiste, NDLR), j’ai dit qu’il était en lien avec les islamo-gauchistes, explique Malek Boutih, député de l'Essonne, soutien de Manuel Valls. Oui, c’est vrai. Je trouve que les positions qu’il [Benoît Hamon] a sur la laïcité ne sont pas des positions ambiguës, elles ont un sens. Il caresse dans le sens du poil et ce n’est parce qu’on est l’élu de Trappes qu’on doit suivre les "trappistes". »

Un débat de fond ?

Mais c'est une offensive en ordre dispersé. Philippe Doucet, député socialiste du Val-d'Oise, ancien maire d'Argenteuil, n'assume pas vraiment : « J’ai le droit à combien de jokers [rires], je suis le porte-parole de Manuel Valls, je ne suis pas le porte-parole de Malek Boutih. »

La garde rapprochée de Benoît Hamon réplique par la voix de Régis Juanico, député de la Loire et porte-parole national de Benoît Hamon : « On laisse la fébrilité et l’énervement à l’autre candidat. Les électeurs, très clairement, entendent un débat sur le fond. Il y a va extrêmement motivé, et en même temps serein. »

Un débat sur les idées. C'est aussi ce qu'on veut du côté de Manuel Valls, explique Philippe Doucet : « Il veut qu’il y ait une clarification. Il veut que les Françaises et les Français aient les cartes sur la table. Donc, chacun se déterminera au vu du revenu universel. C’est quoi les contradictions d’un 49-3 citoyen, qu’est-ce que ça entraîne, c’est quoi le regard sur la laïcité etc. »

Un débat capital pour Manuel Valls s'il veut renverser la vapeur. Le candidat a réuni mardi ses soutiens parlementaires pour les appeler à la « mobilisation ».

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