Avec notre envoyée spéciale à Abou Dhabi, Anissa El Jabri
Comme toujours, François Hollande est imperturbable. Enfin presque. Il a esquissé un léger sourire à peine la porte de l’avion ouverte. Derrière lui se dessinent les silhouettes des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Jean-Yves Le Drian et Jean-Marc Ayrault, sans doute ses compagnons les plus fâchés contre lui. Avec eux, dans l’avion, pas d’épanchement. François Hollande a travaillé, raconte une conseillère : Irak, Syrie. La même décrit un François Hollande « préoccupé et pleinement chef d'Etat ».
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Le travail continue malgré l’émotion et la tristesse. C’est douloureux, dit-on dans la délégation clairsemée de l’Elysée. Il y règne d’ailleurs une atmosphère étrange. Le contrecoup est encore fort. On évoque un acharnement contre le président. « C’est allé trop loin », dit-on dans son entourage, encore en apesanteur.
Une liberté retrouvée ?
Et en même temps pointe déjà une forme de soulagement. Les derniers déplacements à l'étranger du président étaient « compliqués », dit un proche : la COP22 à Marrakech pendant laquelle il y a eu la candidature d’Emmanuel Macron, le Sommet de la Francophonie le week-end dernier encore perturbé par des déclarations à Paris. Le président à chaque fois était tendu.
Aujourd’hui, dit-on, terminées les questions et on veut croire que François Hollande est désormais libre. Libre de préparer ses quatre interventions de ce samedi. Le patrimoine menacé par le terrorisme, une des grandes préoccupations de son quinquennat depuis sa visite au Mali en 2013 et le lancement de la reconstruction des mausolées de Tombouctou détruits par des jihadistes.
Le tapis rouge, quelques échanges protocolaires… Les habitudes sont bien ancrées. Abou Dhabi, ses deux fois cinq voies, ses très hauts immeubles futuristes plantés en plein désert, pavoisés en rouge, vert, noir et blanc. C’est la fête nationale dans le pays. François Hollande a assisté à une longue cérémonie pyrotechnique pour les 45 ans du pays sous un vaste hangar au milieu des sables. La presse n’était pas conviée. Les rares conseillers techniques qui ont fait le déplacement non plus. Il a fallu les images de la télévision nationale pour apercevoir à nouveau le visage marqué du président, la tension et la fatigue.
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