Hugo Travers, 19 ans, étudie à Sciences Po-Paris, où l'on forme une grande partie de l'élite politique française. Depuis 2012, il est très actif sur Twitter. C'est là qu'il a commencé à donner dès 18 h environ, grâce à des médias étrangers, les premières estimations après les élections.
« Au début, explique-t-il, j'avais créé un compte, Radio Londres, qui relayait les meilleurs tweets avec ce hashtag, et qui a très bien marché. Le soir des élections, il y a eu plusieurs milliers d'abonnés. Le second tour, pareil. Aux législatives encore plus. Une grosse communauté s'est créée. Et en plus de ça, les soirs d'élection, on annonce les résultats des élections avant 20 h avec le message codé. »
Les messages sont codés, comme à l'époque de la vraie Radio Londres, qui donnait des informations secrètes aux résistants français pendant la Seconde Guerre mondiale, et toujours de façon décalée. Dimanche dernier, les internautes s'en sont donnés à coeur joie. « La Rolex est tombée dans la friteuse. Je répète, la Rolex est tombée dans la friteuse. » Ce qui sous-entendait, dès 18h43, la défaite de Nicolas Sarkozy.
« Ça sent bon pour les rillettes du Mans », trouve-t-on dans un autre message. Une référence à François Fillon, né dans la ville du Mans, où l'on produit cette charcuterie.
Ou encore « Le chauve sourit ! Je répète, le chauve sourit ! » Comprendre : qualification d'Alain Juppé...
Hugo Travers et ses amis sont désormais prêts pour le second tour, en se défendant de toute préférence partisane sur leur média.
« En l'occurrence, ça vient de tous les bords. Nous, on a tout un tas de jeunes qui participent aussi, donc on a une équipe qui est mobilisée les soirs d'élections, sur le compte Radio Londres pour annoncer les résultats, etc. Mais sinon, on a une rédaction de lycéens et d'étudiants qui écrivent sur tout un tas de sujets politiques et culturels, avec tout un tas d'approches, et c'est ce qui permet une diversité assez intéressante. »
« Dimanche, ajoute l'étudiant, on sait qu'on va être très, très suivis ; on attend 3 ou 4 000 personnes en plus qui vont nous suivre, en plus des 30 000 qu'on a déjà. Jusqu'à mai prochain et la présidentielle, qui sera forte parce que nous, encore une fois, on est nés en 2012. Et donc, là, on arrive cinq ans après, un peu plus armés. Donc ça va être sympa. »
Les réseaux vont encore se déchaîner dimanche, les internautes n'hésitant plus à contourner le code électoral. Seuls les journalistes sont encore soumis à ce que beaucoup considèrent comme un anachronisme.
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