Lancée par le ministère des Affaires sociales et de la Santé, la campagne montre des couples d’hommes enlacés ou s’embrassant avec des messages tels que « S'aimer, s’éclater, s’oublier. Les situations varient. Les modes de protection aussi ». Mais elle n’est pas du goût de tout le monde. Une dizaine de villes sur les 130 où elle est diffusée ont demandé le retrait des affiches. Contractuellement, l’entreprise JC Decaux, qui en assure l’installation, est obligée de le faire dès lors qu’elle reçoit la demande écrite d’une municipalité.
La ville d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, en région parisienne, a ainsi demandé le retrait de ces affiches et pris un arrêté dans ce sens, après avoir été alertée au cours du week-end par des parents inquiets. Le maire LR de cette commune, Bruno Beschizza, qui soutient François Fillon, considère que ces affiches sont « contraires aux bonnes mœurs et à la moralité » et « portent atteinte à la dignité au risque de heurter la sensibilité de l'enfance et de la jeunesse ».
Une décision similaire avait été prise la veille à Angers, une ville de près de 150 000 habitants dans l’ouest de la France. Son maire, Christophe Béchu, qui soutient quant à lui Alain Juppé, a indiqué à l’AFP que ce retrait ne concernait que les abords des écoles primaires et le parcours des bus scolaires. Il a précisé que la décision avait été prise « à l'unanimité par le bureau municipal » à la suite de plusieurs dizaines de plaintes d'habitants.
Dénonçant une « censure », la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine a annoncé ce mardi sur Twitter saisir la justice administrative. « 30 000 personnes vivent avec le sida sans le savoir, il y a 7 000 nouveaux cas de sida chaque année (…) La prévention est nécessaire », a justifié la ministre dans les couloirs de l’Assemblée. « J’ai donc été choquée d’apprendre que des maires avaient voulu interdire ou empêcher ces campagnes de prévention. Et c’est parce que je n’accepte pas que l’on réponde aux enjeux de santé publique par des références à un ordre moral daté et d’un autre temps, avec des considérations qui n’ont rien à voir avec la santé publique, que j’ai décidé de saisir la justice pour faire arrêter ces arrêtés ».
Plusieurs personnalités politiques ont également pris position, comme le président PS du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, ou le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis.
« On n’est certainement pas dans un rôle d’incitation », se défend Aurélien Beaucamp, président de l’association Aides, qui exclut la possibilité de ne communiquer que dans des lieux clairement identifiés, comme les bars gay ou la presse LGBT. « J’imagine que certaines parties de la population d’hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ne fréquentent pas que les lieux gay ou ne lisent pas que de la presse spécialisée. Et c’est important que la population d’une façon générale connaisse la réalité de l’épidémie », fait-il valoir.