Pour les opposants à la construction de l'aéroport, c'est un véritable camouflet. A la sortie du tribunal, ils ont d'ailleurs exprimé leur grande déception et leur surprise même.
Car ces derniers jours, la partie semblait pour eux presque gagnée. Pour une fois depuis des années, depuis le début du bras de fer avec les autorités, les opposants espéraient enfin avoir le droit de leur côté.
Lundi 7 novembre, le rapporteur public, dont l'avis est généralement suivi par la cour administrative n'avait-il pas plaidé pour une annulation pure et simple des arrêtés préfectoraux autorisant les travaux ?
Recours
Cette fois la cour d'appel administrative a fait une entorse à ses habitudes et pris le contrepied du rapporteur en rejetant l'ensemble des requêtes dirigées contre les arrêtés préfectoraux autorisant les travaux.
Les motivations ne sont pas encore connues, mais déjà les opposants martèlent que le combat continue. C'est une décision politique, a lancé Yannick Jadot le candidat des Verts à la présidentielle. Des opposants ont directement annoncé un recours, non suspensif, devant le Conseil d'Etat. « Non, nous n’avons pas perdu tous les recours juridiques, assure à RFI Françoise Verchère, porte-parole du collectif d'élus qui doute de la pertinence du projet d'aéroport de Notre Dame des Landes. Nous en avons gagné un, nous avons fait rentrer de l’argent public dans les caisses des collectivités locales et nous n’avons pas encore perdu le dernier recours sur l’utilité publique du dossier, puisque nous avons redéposé un dossier devant le Conseil d’Etat. Et enfin, nous n’avons pas perdu devant l’Europe. Vous savez que l’Europe intervient après la fin des recours nationaux. Donc l’Europe surveille de très près ».
Les travaux peuvent débuter à tout moment. Le gouvernement s'est d'ailleurs engagé à ouvrir le chantier dès cet automne. Mais attention, alerte Françoise Verchère. « Je rappelle [que l'Union européenne] a dit au gouvernement français de ne pas commencer les travaux, donc le gouvernement français ne doit pas commencer les travaux et l’Europe n’a pas validé définitivement ce dossier. Nous espérons bien encore que les recours juridiques finiront par l’emporter, mais sinon ce sera la résistance sur le terrain ».
Evacuation
Les collectivités locales réunies au sein du syndicat mixte aéroportuaire (SMA) du Grand Ouest ont dans la foulée demandé à l'Etat l'évacuation « immédiate » de la Zad. « Il appartient désormais au président de la République qui ne peut s'exonérer du choix des citoyens et des décisions de justice, d'évacuer la Zad immédiatement et de lancer, enfin, ce projet essentiel pour le Grand Ouest », écrit dans un communiqué Bruno Retailleau, le président des Pays de la Loire et du SMA, fédérant les 22 collectivités soutenant ce projet et les six le finançant.
Manuel Valls a lui estimé que la décision administrative de valider les arrêtés sur les travaux de construction de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes « confortait la détermination du gouvernement » dans ce dossier. « Ce jugement, intervenant après 168 décisions de justice favorables au projet, prouve une nouvelle fois que le projet est parfaitement légal et conforme aux réglementations en vigueur », estime le Premier ministre dans un communiqué.