Avec notre envoyée spéciale à Stalingrad, Alice Pozycki
L'opération a démarré dans le calme et plutôt lentement. Près de 600 policiers sont arrivés, ont réveillé au petit matin les migrants endormis et les ont regroupés sur l'avenue de Flandre, où se trouve une partie des nombreuses tentes du campement.
A chaque extrémité de cette avenue, et sur les rues adjacentes, des barrages policiers ont été déployés. Et les migrants attendaient là depuis très tôt, sans savoir exactement ni ce qu'il se passait, ni comment les départs allaient être organisés.
Ont été aperçues au moins une cinquantaine de femmes, parfois avec de jeunes enfants. Elles ont été regroupées un peu à part, pour éviter un éventuel mouvement de foule. Globalement, peu d’informations circulaient concernant la destination des bus.
La rue et le froid, ou les Centres d'accueil et d'orientation
Selon le préfet de région, certaines personnes devaient rejoindre des gymnases, une solution très provisoire. Même si pour beaucoup, quitter la rue et le froid est un soulagement, ne pas savoir où les gens vont fut une réelle inquiétude.
Beaucoup voulaient rester à Paris ou dans les alentours, parce qu’ils avaient commencé à y apprendre le français ou qu’ils avaient leurs habitudes sur place. Un Afghan de 27 ans expliquait en être à sa 3e évacuation depuis qu’il est à Paris.
A chaque fois, nous a-t-il dit, il a été pris en charge, amené vers un centre, mais ce dernier était trop éloigné de Paris selon lui. Il est donc retourné dans la rue. Mais ce coup-ci, il songe quand même à rester dans le centre où il sera envoyé.
Au total, et selon la préfecture d'Ile-de-France, 3 852 personnes ont été évacuées en bus. Déja démantelé à plusieurs reprises, le camp s'était reconstitué rapidement au cours des dernières semaines, disséminé sur plusieurs centaines de mètres. Présente lors de l'évacuation, la ministre du Logement Emmanuel Cosse a affirmé avoir « les places pour héberger tout le monde ».
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