Sous le métro aérien, les pelleteuses mettent en pièces tentes et matelas et les jettent. Des détritus sont éparpillés, une peluche traine parterre. Derrière un cordon de policiers, les migrants sont hagards. Ceux qui ont pu sauver leur abri de fortune le portent sur le dos.
Les CRS sont venus les déloger très tôt ce lundi matin, raconte cet Afghan. « Ils ont mis des coups de pied dans nos tentes et nous ont dit ‘’levez-vous, levez-vous. Vous devez quitter cet endroit’’. Je ne sais pas quel était le problème. Ils ont détruit nos tentes, pris nos bagages, nos valises, tout. Puis ils ont jeté ça dans la benne. Moi j’ai perdu mon sac, j’ai perdu mes nouvelles chaussures, mes vêtements, mon sac de couchage. Je n’ai plus de tente. »
Vingt-neuf interventions policières
Pendant la destruction du camp, une cinquantaine de réfugiés sont conduits au commissariat voisin pour vérifier leurs papiers. Ce migrant ne comprend pas. « On a crié pour faire respecter nos droits. On leur a dit : ‘’dites-nous ce dont vous avez besoin. On peut trouver un arrangement, dites-nous simplement quels papiers il vous faut. Si on l'a, on vous le donnera." Mais les policiers refusent de nous parler. Je ne sais pas pourquoi. »
Quelques heures après le bitume est encore jonché d’ordures. L'odeur d'urine est toujours aussi forte. Mais tout à coup, les policiers laissent passer les migrants. Tout le monde court, crie de joie, et s’empresse de remonter sa tente.
Réinstallation éphémère avant la prochaine intervention des policiers. La vingt-neuvième, soupire un riverain. Et pour empêcher la constitution de ces campements, la mairie de Paris veut ouvrir très vite un centre d'accueil humanitaire dans le quartier. Il sera chargé de répartir les réfugiés en région, dans des centres plus pérennes.
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