C’est une reconnaissance historique comme l’avait fait en son temps le président Jacques Chirac, en 1995, en reconnaissant la responsabilité de l’Etat français dans la déportation et l’extermination des Juifs.
« La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa responsabilité est grande dans ce drame », a déclaré le président François Hollande, lors de cette cérémonie d'hommage national. « Un pays est toujours plus grand quand il reconnaît son histoire et qu’il fait une place à tous ses citoyens », a dit le président, sous les yeux même de ce qui fut le camp de Montreuil-Bellay, le plus grand camp d'internement de Tsiganes de la Seconde Guerre mondiale en France.
« Il fallait que cette vérité fut dite, au plus haut niveau de l'Etat », a-t-il souligné. Soixante-dix ans après la libération des derniers Tsiganes internés en France, leurs descendants et les associations attendaient avec émotion une reconnaissance officielle de leurs souffrances.
Livret de circulation
Le chef de l’Etat a également évoqué la fin du livret de circulation des gens du voyage. François Hollande a dit espérer que la loi de 1969, depuis longtemps vidée de sa substance, mais qui existe toujours, soit très prochainement abrogée dans le cadre de l’adoption de la loi égalité et citoyenneté, « pour que les gens du voyages soient enfin des citoyens, des Français comme les autres ».
Dès 1912, dans le but de les sédentariser, les autorités françaises avaient imposé aux « nomades » un carnet anthropométrique d'identité. Supprimé en 1969, il a été remplacé par des carnets et livrets de circulation que doivent détenir les « gens du voyage » sous peine d'amende, et une obligation de rattachement à une commune.
Travail de mémoire
Montreuil-Bellay était le plus grand des 31 camps gérés par les autorités françaises jusqu'en 1946, dans lesquels furent internés entre 6 000 et 6 500 nomades. Plus de 2 000 nomades, des Tsiganes mais aussi des sans domicile fixe de Nantes, y furent internés de novembre 1941 à janvier 1945, à la demande des nazis mais sous l'autorité du régime de Vichy.
Un discours qui s’inscrit donc dans le travail de mémoire que le chef de l’Etat a engagé depuis le début de son quinquennat, mais dont il espère sans doute en ces temps d’extrême impopularité dont il est l’objet, qu’il l’aidera à renouer les fils avec les Français et à restaurer son autorité présidentielle bien mise à mal après la publication de son livre confession.
(Avec AFP)