France: les policiers réclament un dialogue direct avec les parlementaires

La colère gronde chez les policiers en France. Depuis plus d'une semaine, ils se réunissent librement tous les soirs pour demander de meilleures conditions de travail, plus de moyens, et une meilleure reconnaissance. Ce mercredi 26 octobre, en pleine journée, à 14h00, 500 fonctionnaires de police se sont retrouvés devant l'Assemblée nationale à Paris, histoire de mettre la pression sur François Hollande, qui reçoit ce soir leurs syndicats. Une grande partie de la base du mouvement ne leur fait plus confiance. A l'issue de leur entretien, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé un vaste « plan de sécurité publique ».

Sur le pont de la Concorde, des pancartes clamant « nos vies comptent » ou « ma police, ma bataille ». En revanche, aucun drapeau d'un syndicat n'est brandi. Et selon un gardien de la paix parisien, ce n'est pas étonnant.

« Aujourd'hui, on est là sans syndicats. On vient pour se faire entendre. Il faut que ce soit cette fameuse base, à l'origine de ce mouvement, qui se fasse écouter et non pas des représentants dont on ne veut plus », explique-t-il.

« Il n'y a plus de communication avec les syndicats, il faut donc trouver un autre moyen pour se faire entendre. Tant qu'on ne sera pas écoutés, on continuera. La fatigue ? On a l'habitude, ça fait longtemps qu'on est fatigués, on poursuivra », ajoute-t-il.

Si tous ne veulent pas jeter la pierre aux syndicats, beaucoup reprochent à ces organisations d'être déconnectées de la base et de s'en désintéresser. Certains fonctionnaires les jugent trop politiques, trop éloignés du quotidien des policiers.

Ils espèraient surtout des annonces concrètes lors de leur rencontre avec le président François Hollande. Un officier de la PJ confie ne plus vouloir d'intermédiaire, accusant les syndicats de brouiller leurs revendications :

« Nous voulons aujourd'hui, devant l'Assemblée, attirer un maximum de parlementaires pour communiquer directement avec eux, sans filtre syndical ou politique, et leur exprimer nos revendications ainsi que notre quotidien, par le dialogue », déclare-t-il.

Un plan pour la sécurité publique

Dans la cour de l'Elysée, ce sont bel et bien les syndicats de police qui ont été reçus par le président de la République, les ministres de l'Intérieur et de la Justice, et le chef du gouvernement.

Ils ont ensuite salué des annonces « importantes ». Une enveloppe de 250 millions d'euros a été annoncée par Bernard Cazeneuve à l'issue de la rencontre, mercredi soir. Un ensemble de mesures tant « juridiques » que « matérielles ». 

Parmi ces mesures, plus de casques, plus de gilets pare-balles, des nouvelles armes et des commissariats rénovés. Mais aussi des évoutions juridiques souhaitées depuis longtemps par les policiers, comme la peine d' « outrage à agent » qui pourrait passer de six mois à un an de prison.

« Demain, il y aura des sanctions plus lourdes. Il faut le respect dû aux forces de l'ordre. On ne peut pas être soutenus par 80 % de la population et ne pas être respectés au quotidien », estime notamment Jean-Marc Bailleul, de la CFDT-Police.

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