La scène s'est répétée plusieurs fois, ces derniers mois en France. Une longue liste de noms égrenés, et des roses blanches déposées en mémoire des morts. La cérémonie d'hommage aux victimes de l'attentat de Nice a finalement eu lieu, trois mois après l'attaque du 14-Juillet, qui a fait 86 morts et de nombreux blessés.
Une cérémonie emprunte de dignité. Cela avait parfois manqué dans le débat politique qui avait suivi l’attaque. Trois mois plus tard, tout a été fait pour que l'évènement se déroule bien. Il n’y a pas eu le moindre débordement, pas de sifflet. Peu de discours, deux au final.
La ville côtière du sud-est de la France est toujours choquée. En témoigne le discours emprunt d'une grande émotion, prononcé devant les 2 500 participants par l'une des proches des victimes. Cindy Pellegrini a perdu six membres de son entourage le soir de l'attentat. Elle s'est exprimée au tout début de la cérémonie.
Le chanteur Julien Clerc a ensuite interprété la chanson Utile, hommage aux disparus, avant le discours de François Hollande, comme à chaque évènement de ce genre depuis 2015. Etaient notamment présents dans l'assistance : son prédécesseur Nicolas Sarkozy, l'ancien Premier ministre Alain Juppé et la présidente du parti Front national, Marine Le Pen.
François Hollande a insisté, c’est son discours depuis plusieurs semaines désormais, pour dire que les armes de la France sont celles de la démocratie, qui n’est pas faible, a-t-il insisté, notamment à l’attention de ceux qui, dans la classe politique actuellement en pré-campagne pour la présidentielle, réclament une justice d’exception.
Pendant un quart d'heure, le président a largement insisté sur le fait que ce qui a été frappé le 14 juillet dernier, c'est « l'unité nationale ». « C'est la visée monstrueuse qu'ont les terroristes », a-t-il dit. Mais « non, je vous dis non, cette entreprise maléfique échouera, l'unité, la liberté, l'humanité, au bout du compte prévaudront », a conclu le chef de l'Etat.
« Les victimes de cette barbarie n'avaient pas toutes la même origine, pas toutes le même parcours, pas toutes la même couleur de peau, pas toutes la même religion mais elles sont unies aujourd'hui par le malheur », a déclaré le chef de l'Etat. « Partout, des prières se sont élevées ; dans toutes les églises, dans toutes les mosquées, dans toutes les synagogues de Nice », a-t-il fait remarquer.
L'occasion aussi, pour le président, de rendre hommage à tous ceux qui se sont mobilisés le soir du drame. D'abord les policiers nationaux et municipaux, pour rompre avec la polémique très vive qui avait opposé les autorités locales et l’exécutif sur la façon dont la sécurité a été gérée sur la promenade des Anglais.
François Hollande a également eu un mot pour les magistrats, échaudés par ses propos à leur sujet rapportés dans un livre de confidences récent. « Je pense aussi aux magistrats qui, ce soir-là, se sont rendus immédiatement sur les scènes de crime pour l'identification des corps et commencer le travail d'enquête », a déclaré M. Hollande. « Il leur revient aujourd'hui, en toute indépendance, d'établir la vérité sur ce qui s'est produit à Nice le 14 juillet », a-t-il encore dit. Et de marteler : « Nous devons la connaître toute cette vérité. »
Finalement, le moment le plus émouvant de cette cérémonie n’aura pas été un discours, mais la lecture des noms des 86 victimes de l’attentat, relate notre envoyé spécial à Nice, Guillaume Naudin. Des victimes âgées de 2 à plus de 90 ans. Parfois, des familles entières ont été décimées. Cette lecture aura pris quinze minutes, tandis que des lycéens niçois déposaient 86 roses blanches sur un monument éphémère.