De notre envoyé spécial à Nice,
Les services météorologiques avaient placé une bonne partie de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en état de vigilance orange pour risques d’orages, ce vendredi 14 octobre. Ils ne s’étaient pas trompés. A 11 h, l'horaire prévu pour la cérémonie, la ville était balayée par la pluie et le vent.
Dès jeudi, la présidence de la République avait décidé de reporter l’hommage national de 24 heures, dans un département où, le 3 octobre 2015, 30 personnes avaient été tuées dans d’importantes inondations. La cérémonie se tiendra finalement ce samedi, à 9 h TU.
Beaucoup de victimes et de proches des 86 personnes tuées le 14 juillet attendent cet hommage national, « peut-être le début d’une rémission pour certains d’entre nous », espère le président de l’association Promenade des Anges, Vincent Delhomel-Desmarest.
« Les familles sont encore en recherche de reconnaissance, assure de son côté l’avocate Olivia Chalus-Pénochet, qui représente près d’une dizaine de victimes et de proches. Ce sont des familles qui sont désespérées, désemparées et encore en état de sidération, pour la plupart. »
Un hommage pas ouvert au public
L’accès à la cérémonie se fera uniquement sur invitation, notamment pour des questions de sécurité. En dehors du président, François Hollande, une bonne partie du gouvernement sera présent dont les ministres de l’Intérieur et de la Justice ainsi que de nombreux élus et officiels locaux.
Ils participeront à l’hommage aux côtés d’environ 500 victimes ou proches de victimes de l’attentat, dont certains sont arrivés dès jeudi dans une ville qui veut montrer sa solidarité avec les victimes.
Les hôteliers et chauffeurs de taxi avaient annoncé qu’ils logeraient et transporteraient les invités gratuitement et le report de la cérémonie n’y a rien changé : jeudi, après l’annonce du report, le syndicat des hôteliers s’est organisé dans l’urgence avec les services de l’Etat pour trouver de quoi loger les victimes 24 heures de plus.
Les victimes et leurs familles attendent également de savoir comment l’enquête judiciaire progresse. Un très grand flou entoure toujours les motivations et la personnalité de l’auteur de l’attentat. Tunisien, âgé de 31 ans, l’homme vivait à Nice depuis plusieurs années. Il avait loué le camion qui a servi à l’attaque quelques jours plus tôt. Un homme que son entourage décrit comme instable et colérique, doté d’une personnalité trouble, pour ne pas dire torturée.
Mais un homme qui n’avait apparemment aucune attirance pour la religion. Son acte a été revendiqué par l’organisation Etat Islamique, moins de deux jours après les faits mais, jusqu’à présent, les services de police n’ont réussi à établir aucun lien entre Daech et l’auteur de l’attentat, abattu par la police, le soir-même, sur la promenade des Anglais.
Polémique sur les mesures de sécurité
Comment un camion a-t-il réussi à pénétrer dans le périmètre où des milliers de Niçois et de touristes s’étaient rassemblés pour regarder le feu d’artifice tiré depuis la mer ? Quelques heures seulement après l’attentat, l’ancien maire de Nice et actuel président de la région PACA, Christian Estrosi, avait publiquement dénoncé le manque de moyens mis en place par l’Etat. Une polémique qui a choqué certaines victimes.
« Si la sécurité de tout le monde ne pouvait pas être assurée, il ne fallait pas tenir cet événement », proteste, amère, Sarah Toukabri. Pour cette jeune femme, qui a perdu son père, sa tante et deux cousins le 14 juillet dernier, la polémique lancée le soir-même de l’attentat n’aurait jamais dû exister. Ces dernières semaines, le bras de fer entre la commune et l’Etat semble s’être apaisé, à Nice, à l’approche de l’hommage.