Il y a d'abord eu la colère, les manifestations, le sursaut, avant la résignation et la détresse aujourd'hui. Les chiffres du malaise social et économique du monde agricole sont éloquents. En 2015, un tiers des agriculteurs déclarait gagner 350 euros par mois.
Ils étaient 18% dans cette situation en 2014. Le nombre de salariés agricoles est en baisse, tous les secteurs sont touchés par cette paupérisation. Les origines sont multiples : une conjonction de problème sanitaires, d'événements climatiques exceptionnels, effondrement des prix comme des revenus des agriculteurs dont les dettes s'amoncellent.
L'an dernier, les agriculteurs les plus en difficulté ont bénéficié d'allègement de cotisations sociales, certains ont pu reporter d'une année le paiement de ces cotisations. Mais il s'agit là de mesures d'urgence, nécessaires, mais ponctuelles. De plus en plus d'agriculteurs se trouvent au bord du gouffre. En témoigne la multiplication des appels à Agri'écoutes, une ligne téléphonique, une permanence de prévention des suicides. 300 appels par mois cette année, c'est trois fois plus qu'en 2015.