Nicolas Sarkozy en personne brandit depuis trois semaines cette menace présumée : si les électeurs de gauche venaient à voter les 20 et 27 novembre prochains, cela dénaturerait le résultat de cette primaire. Sous-entendu, cela pourrait l’empêcher de gagner. Les sympathisants de gauche pourraient en effet être tentés de s’opposer massivement à lui.
Sur ce sujet-là, l’ancien président ne cesse de s’en prendre à Alain Juppé, favorable pour sa part à une primaire non exclusivement partisane. « Quand on appelle à voter des électeurs de gauche et un peu de droite, on se prépare à des arrangements, c’est alors qu’on n'a rien compris à la gravité des défis qui s’imposent à la France », a accusé en ces termes Nicolas Sarkozy cette semaine.
Un argument battu en brèche par ces principaux adversaires. Et pour cause : tous espèrent secrètement bénéficier de ce vote anti-Sarkozy qui s’annonce. « Ce n’est pas aux candidats de décider qui doit voter », a estimé ce jeudi 6 octobre 2016 Nathalie Kosciusko-Morizet, alors que François Fillon a appelé tous les Français qui le souhaitent à venir participer.
L’ancien Premier ministre juge au passage l’analyse de Nicolas Sarkozy un peu étrange, dit-il, « de la part d’un président de la République qui a fait rentrer des socialistes au gouvernement ». Alors que dans le camp Juppé, pour contrer l’argument, on met en avant la probable participation de sympathisants frontistes. Selon les sondages, ils pourraient être aussi nombreux à se déplacer que les électeurs de gauche. Résultat, minimise Gilles Boyer, le bras droit d’Alain Juppé, cela devrait compenser.