Déserts médicaux: Marisol Touraine annonce son plan de sauvetage

Depuis plusieurs années déjà, la France connait des difficultés de recrutement de médecins. Pour palier les déserts médicaux et surtout la fuite des médecins vers le secteur privé, la ministre de la Santé veut inciter les jeunes médecins à exercer en milieu hospitalier. Pour cela, Marisol Touraine a annoncé ce mardi 4 octobre une prime pouvant aller de 10 000 à 30 000 euros, versé aux jeunes praticiens qui s'engagent à travailler au moins pendant 3 ans après leur titularisation, à l'hopital.

Face à la désaffection des médecins à l'égard de l'hôpital public, au profit du privé, plus rémunérateur, la ministre de la Santé avait annoncé en novembre 2015, la mise en place d'un « plan attractivité » de 250 millions d'euros d'ici à 2019, mais son déploiement se faisait attendre. Une semaine après la grève lancée par le syndicat d'anesthésistes SNPHAR-E, soutenu par deux intersyndicales, Avenir Hospitalier et la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), Marisol Touraine a reçu les cinq intersyndicales représentant les praticiens, pour leur confirmer l'instauration des mesures d'ici à la fin de l'année.

Le plan prévoit l'octroi d'une « prime d'engagement » comprise entre 10 000 et 30 000 euros pour certains jeunes diplômés qui s'engageront à passer le concours de praticien hospitalier et à rester, une fois titularisé, au moins trois ans en poste. Les spécialités ayant un taux important de postes vacants au niveau national (anesthésistes et radiologues) se verront octroyer une prime de 10 000 euros, tandis que les jeunes médecins exerçant dans certains territoires en tension obtiendront une prime de 20 000 euros. Soit 30 000 euros s'ils cumulent les deux facteurs.

Hausse de la prime de fidélité à l'hôpital public

Par ailleurs, les jeunes contractuels qui n'ont pas encore passé le concours de praticien hospitalier mais s'engagent à le faire, verront leurs droits sociaux améliorés, avec notamment un maintien du salaire pendant la maternité. Pendant la période probatoire d'un an qui suit ce concours, les jeunes médecins pourront également exercer à mi-temps.

Pour les praticiens exerçant déjà à l'hôpital, le ministère prévoit de porter « l'indemnité d'engagement de service public exclusif (IESPE) », sorte de prime de fidélité à l'hôpital, à 700 euros bruts par mois contre 490 euros auparavant. Cette prime, renouvelable, sera attribuée aux praticiens travaillant depuis au moins 15 ans exclusivement à l'hôpital et s'engageant à ne pas exercer en libéral dans les trois ans à venir.

Une prime au partage du temps de travail

« Une prime d'exercice territorial », pour valoriser le temps d'exercice médical partagé entre plusieurs établissements d'un Groupement hospitalier de territoire (GHT), sera également attribuée, avec un montant allant de 250 à 1 000 euros bruts par mois, selon le nombre de demi-journées consacrées à ces activités partagées. Enfin, le temps consacré par les praticiens à des soins programmés débordant sur la première partie de soirée sera comptabilisé, ce qui n'était pas le cas auparavant.

Ainsi, si un praticien exerce de 8h00 à 17h00, le temps effectué au-delà, sur la base du volontariat, par exemple en salle d'opération, sera désormais pris en compte.
Outre ce plan, Marisol Touraine a ouvert une « séquence de travail centrée sur l'organisation et la gestion du temps de travail », au centre des revendications des grévistes du 26 septembre.

Un protocole de méthode devra être signé « dans les 15 prochains jours », a annoncé la ministre qui s'est engagée à trouver un accord avec les organisations syndicales avant fin février. « Nous allons consulter notre base avant de nous prononcer sur la signature de ce protocole », a indiqué à l'AFP, le président d'Avenir hospitalier, Max-André Doppia, tout en reconnaissant que les « mesures allaient dans le bon sens ».

« Il y a des engagements forts, c'est positif », a-t-il souligné, avant de se féliciter de l'objectif de la ministre « de garantir le respect de 48 heures » maximum de travail hebdomadaires, conformément aux exigences notamment de la Commission européenne.

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