Un rapport souligne les inégalités du système éducatif français

Le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) a publié ce mardi 27 septembre un rapport accablant pour l'éducation française. La France est devenue le pays le plus inégalitaire de l’OCDE. La faute, notamment, aux zones d'éducation prioritaires.

Pour les chercheurs du Cnesco, la France « occupe une position singulière » par rapport aux pays comparables de l’OCDE. Celle du pays le plus inégalitaire en termes d’éducation. « Le poids de l’origine sociale des élèves sur leur réussite scolaire est bien plus important chez nous que chez nos voisins », souligne Georges Felouzis, l’un des rapporteurs. Un phénomène qui s’est accentué depuis le début des années 2000.

Parmi les facteurs expliquant cette aggravation, le rapport du Cnesco pointe l’éducation prioritaire qui « ne marche pas ». Mis en place en 1981 pour aider les établissements situés dans des zones socialement défavorisées, ce dispositif devait « donner plus à ceux qui ont moins ». C'est finalement le contraire qui s'est produit. Trente-cinq ans plus tard, les inégalités explosent entre les établissements prioritaires et les autres.

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L'exemple de l'apprentissage du français parle de lui-même : à la fin du collège, les élèves les plus défavorisés maîtrisent 35 % des compétences attendues. Dans les collèges classiques, au même moment du cursus, les élèves maîtrisent 80 % des compétences.

Le rapport avance le manque de temps consacré à l'apprentissage dans les zones d'éducation prioritaire, les heures perdues à faire de la discipline, le nombre d'élèves par classe n'est pas suffisamment réduit pour avoir un impact et des enseignants trop inexpérimentés. La conclusion est sans appel : l'école de la République augmente les inégalités sociales.

Ainsi, dès qu'un établissement passe en ZEP, il est déserté par certaines familles ainsi que par les meilleurs enseignants. Se forment alors des noyaux défavorisés, coupés de la société et dont il est très difficile de sortir. L'exact opposé de l'ascenseur social.

Mais la sociologue Marie Duru-Bellat, spécialisée sur les questions d'éducation, accuse également la perception que l’on a en France de l’échec scolaire. « On a des attentes par rapport aux élèves qui vont être moins élevées dans les contextes populaires. Et les enseignants vont adapter leurs pratiques à cette représentation qu’ils ont des élèves, comme moins capables », critique-t-elle. Ainsi, à l’inverse de pays comme le Japon ou la Corée où l’on est persuadé que tous les élèves peuvent réussir et où les professeurs se mobilisent, il y aurait en France, selon Marie Duru-Bellat, un certain fatalisme. « Je pense que c’est un facteur qui joue », conclut-elle.

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