Le débat sur l'intégration et l'assimilation a viré à la polémique en France, après les propos tenus lundi par Nicolas Sarkozy en meeting à Franconville [« Au moment où vous devenez français, vos ancêtres ce sont les Gaulois », avait-il déclaré.]. Et d’abord sur les réseaux sociaux où l’ancien président est raillé pour ce raccourci historique.
La Gaule est une notion romaine, rappellent certains historiens, pour qui ce concept d’ancêtres gaulois ne serait qu’une construction du XIXe siècle. Une construction qui n’aurait que peu de réalité historique : elle participerait de l’élaboration d’un roman national.
La classe politique n’a bien sûr pas manqué de réagir. « Faut-il faire un cours d'histoire à Monsieur Sarkozy qui, visiblement, en a besoin ? », s’est moquée la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
Et d’ajouter : « Oui, il y a parmi nos ancêtres des Gaulois. Il y a aussi des Romains, des Normands, des Celtes, des Burgondes, [...] des Niçois, des Corses, des Franc-Comtois, la Guadeloupe, la Martinique, des Arabes, des Italiens, des Espagnols... C'est ça la France. »
La déclaration de l'ex-chef de l'Etat s’apparente à une « régression simpliste sur la France », a pour sa part dénoncé le député écologiste François de Rugy.
Des critiques venues également de la droite
« Ne nous caricaturons pas », a enjoint Bruno Le Maire, candidat à la primaire, « parce que nous nous affaiblissons quand nous nous caricaturons. Toujours ». Alain Juppé a pour sa part dit « sourire » au propos de Nicolas Sarkozy. Les deux favoris du scrutin s’affrontent sur ce terrain-là depuis plus de deux ans.
On l’a entendu, Nicolas Sarkozy défend l’assimilation. Dans son dernier livre, Tout pour la France, l’ancien président propose d’instaurer un nouveau pacte d’assimilation : dans le détail, le nouveau venu devrait apprendre la langue et se conformer au mode de vie national.
L’assimilation, une idée à laquelle s’oppose fermement Alain Juppé. « Ça voudrait dire qu'on est tous pareil, qu'on coupe nos racines », s’est-il justifié ce mardi matin chez nos confrères de France Info. « Mais quand on coupe les racines d'un arbre, il meurt », fait remarquer le maire de Bordeaux, qui défend donc l’intégration, notion qui « respecte les différences ».
Le débat fracture la droite depuis plus de deux ans maintenant. François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-François Copé et Hervé Mariton sont, comme Nicolas sarkozy, favorables à l’assimilation, alors que Nathalie Kosciusko-Morizet est quant à elle sur la même ligne qu’Alain Juppé.
En défendant l’assimilation, une partie de la droite se rapproche de l’extrême-droite…
Il ne faut pas oublier qu’à l’origine, c’est le Front national qui avait ressorti ce concept d'assimilation. La droite dans son ensemble n’était pas sur cette ligne. Ce n’est que récemment qu’une partie des Républicains ont changé de point de vue sur cette question sensible.
François Fillon a été le premier, suivi de près par Nicolas Sarkozy. Ce dernier, sur ces sujets, ne cesse de muscler son discours depuis quelques mois. Par exemple, sur la question du droit du sol ; l’ancien chef de l’Etat assure ne pas vouloir le remettre en cause, mais il propose désormais de l’aménager.
Alors qu’un autre candidat à la primaire de la droite et du centre, Hervé Mariton, veut quant à lui supprimer le droit du sol, et rétablir le droit du sang. Ce que propose depuis très longtemps le Front national.