Loi Travail: un syndicaliste grièvement blessé à l'œil va porter plainte

Laurent Theron manifestait, jeudi 15 septembre 2016 à Paris, contre la loi Travail. Ce militant du syndicat SUD-Solidaires a alors été grièvement blessé à l'œil par un projectile. Estimant qu'il s'agissait d'un éclat de grenade, il va porter plainte contre les forces de l'ordre, a-t-on appris ce samedi.

Place de la République, jeudi après-midi vers 16h45, à l'issue du rassemblement contre la loi El Khomri. « Laurent Theron, père de deux enfants, 46 ans, secrétaire médical à l’Hospitalisation à domicile (HAD) de l’unité Albert Chennevier de Créteil (94), syndiqué au syndicat SUD Santé Sociaux de l’AP/HP, a vraisemblablement reçu au visage un morceau d’une grenade lancée par les forces de l’ordre. » Voilà la version des faits avancée par Solidaires.

« Je me dirigeais vers une des rues adjacentes pour partir. Au niveau de la partie Est de la place, j’ai vu un mouvement des forces de l’ordre. J’ai entendu une forte détonation et au même moment, mon œil m’a fait extrêmement mal. Je me suis retrouvé par terre à quatre pattes, je sentais beaucoup de sang qui coulait et, immédiatement, que mon visage était déformé », précise l'intéressé, qui a perdu l'usage de son œil, dans un entretien accordé à Libération.

Dans son communiqué, Solidaires demande notamment « l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les choix opérés par le ministère de l’Intérieur depuis le début de la mobilisation contre la loi Travail et que les responsables de la mutilation de Laurent Theron répondent de leurs actes ». Il va y avoir une enquête : celle de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », qui a été saisie par le parquet de Paris pour déterminer les circonstances exactes du drame.

Il s'agir de voir si, comme l'affirme le syndicat, « rien ne justifiait de faire usage de la force », s'il n’y avait « à proximité aucune action à l’encontre des forces de police », et si l'usage de grenades de désencerclement était « disproportionné ». « Les forces de l’ordre ont lancé une charge accompagnée de tirs massifs de grenades lacrymogènes, de grenades désencerclantes et de flash-ball. (...) Dans les images disponibles, une goupille de grenade est parfaitement visible dans le sang de notre camarade », assure Solidaires.

« L’Inspection générale de la police nationale a été saisie dans de nombreux cas, notamment par des militant-es de Solidaires blessé-es alors qu’ils/elles manifestaient pacifiquement. A ce jour, aucune sanction n’a encore été prononcée et le principal responsable de cette situation, le ministre de l’Intérieur B.Cazeneuve est toujours en poste », dénonce Solidaires, qui exige « l’interdiction de l’usage des lanceurs de balle et des grenades de désencerclement ».

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