Loi Travail: des dizaines de milliers de manifestants de nouveau dans la rue

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé ce jeudi 15 septembre partout en France pour réclamer l'abrogation de la loi Travail. De nouveaux affrontements ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants, notamment à Paris, faisant plusieurs blessés.

Avec AFP et notre envoyée spéciale place de la République,  Alice Pozycki

Tours, Marseille, Nantes, Rennes, Le Havre, Lyon, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille, Châteauroux... Dans plus de 110 villes, les opposants sont descendus dans la rue pour cette 13e journée d'action depuis mars – la 14e en comptant le 1er mai – contre la loi Travail, promulguée en août, qui aura déclenché des mois d'affrontements politiques et de conflit social, sans faire plier l'exécutif.

Une journée de mobilisation de rentrée qui s'est déroulée alors que la plupart des décrets de la loi, dont les plus décriés (temps de travail, référendum en entreprise, accords offensifs), doivent être publiés en octobre.

Lors de la précédente journée, le 5 juillet, les syndicats avaient compté 45 000 manifestants dans la capitale, la police 6 500 à 7 500. Au total 30 000 personnes avaient manifesté à travers le pays, selon les autorités. Au plus fort de la contestation, le 31 mars, entre 390 000 personnes (autorités) et 1,2 million (syndicats) avaient manifesté.

« Douze journées de manif, c'est beaucoup pour les salariés, c'est compliqué », a fait valoir le leader de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly. « J'ai eu les chiffres de la mobilisation en province, ce n'est pas ce que j'appelle un "baroud d'honneur" », a en revanche estimé Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. « Loi ou pas, ils nous trouveront toujours face à eux », a expliqué François Roche, délégué CGT chez Airbus Helicopters, dans le défilé à Marseille, où quelques milliers de personnes ont battu le pavé.

L'intersyndicale est en tout cas unanime pour engager la bataille sur le terrain juridique par le biais de recours voire même de question prioritaire de constitutionnalité afin d'obtenir l'abrogation de certaines dispositions du texte.

Violences à Paris

La manifestation de rentrée contre la loi Travail a rassemblé entre 12 500 à 13 500 selon la police et 40 000 personnes selon le syndicat CGT, ce jeudi 15 septembre à Paris. Une manifestation émaillée par des violences entre policiers et manifestants place de la République qui a été interdite d'accès ce jeudi soir, après deux heures de violences entre manifestants et forces de l'ordre, rapporte notre envoyée spéciale place de la République,Alice Pozycki.

Au moins un manifestant et cinq policiers ont été blessés et au moins 12 personnes interpellées lors de la manifestation parisienne qui s'est déroulée sous la surveillance de 1 200 policiers entre Bastille et République.

Pourtant, tout avait commencé dans le calme. C'est au bout de la première heure qu'on a pu voir les premiers nuages de gaz lacrymogènes lancés contre un groupe de manifestants qui s'en prenaient à la vitrine d'une banque. Le début d'affrontements, avec jets de pavés côté manifestants, charges, gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes côté forces de l'ordre.

La situation s'est encore tendue à l'arrivée du cortège place de la République. Une place entièrement quadrillée par les forces de l'ordre présentes dans chaque rue adjacente. Il faut dire que le dispositif policier était particulièrement conséquent par rapport au nombre de manifestants attendu. Un dispositif jugé disproportionné par beaucoup d'entre eux qui espéraient ne pas revoir les violences des dernières manifestations contre la loi Travail.

Une nouvelle fois, le défilé nantais, qui a réuni environ 4 000 personnes, a lui aussi été émaillé d'affrontements avec la police. Plusieurs personnes ont été interpellées. Des tensions ont également marqué le cortège rennais. Au total, 62 interpellations dont 32 gardes à vue sont à signaler dans toute la France en marge de ces manifestations, à indiqué Bernard Cazeneuve ce jeudi soir.

La loi El-Khomri, qui malgré sa promulgation cet été, ne passe toujours pas parmi les grévistes, les syndicalistes et les étudiants présents dans la rue ce jeudi. Pour eux, la mobilisation doit continuer jusqu'à l'obtention de son retrait.

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