Le Dalaï Lama demande aux eurodéputés une «critique constructive» de la Chine

Le Dalaï Lama poursuit sa visite en France entamée lundi 12 septembre. Boudé par les dirigeants français, le chef spirituel des Tibétains a pris la parole ce jeudi 15 septembre devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg. Le prix Nobel de la Paix a appelé l’Union européenne à une « critique constructive » de la Chine sur le dossier tibétain et a rappelé son attachement à la fin du processus de réincarnation.

Voilà qui ne colle pas avec la « diplomatie économique » de Manuel Valls, ni avec le partenariat sino-britannique signé par l’ancien Premier ministre David Cameron. « Un peu de courage messieurs les eurodéputés », le Dalaï Lama appelle l’Union européenne à une « critique constructive » de la Chine, une « critique nécessaire » à un moment où « les dirigeants chinois, mêmes partisans de la ligne dure » sont confrontés à un « dilemme sur la façon de régler les problèmes ».

L’homme à l’éternel sourire rappelle que « nous ne sommes plus dans les années 1960 ou 1970, une époque où la Chine était repliée sur elle-même, où le régime chinois était totalement autocentré et sourd aux appels de l’extérieur ».

« La Chine a fait beaucoup de progrès ces dernières décennies », a déclaré le Prix Nobel de la paix devant les journalistes ce mardi à Paris, mais la question du Tibet doit rester à l’ordre du jour.

Et de lancer une invitation aux parlementaires européens à remettre le sujet sur le tapis aussi souvent qu’ils le peuvent de manière à défendre la langue et la culture du peuple tibétain. A se rendre sur place aussi, aux côtés des six millions de Tibétains qui « vivent dans une peur constante », dit-il.

Pas besoin de successeur

Le Dalaï Lama a saisi l’occasion pour rappeler son attachement à la fin du processus de réincarnation, une manière d’empêcher Pékin de désigner son successeur.

Ce n’est plus le Dalaï Lama qui fait peur aux dirigeants chinois, c’est la crainte de ne pas maitriser sa succession. A Strasbourg, devant les parlementaires, le Prix Nobel de la paix affirme être « toujours (aussi) impressionné » par l’esprit de l’Union européenne, un « continent, dit-il, où le sang a coulé (et qui) a réussi à régler ses problèmes. ».

Une manière de rappeler que depuis 50 ans le problème entre le Tibet et la Chine demeure, tout en redisant qu’il n’a aujourd’hui plus aucun pouvoir au sein du gouvernement tibétain en exil.

« Je me suis totalement retiré des affaires politiques depuis 2011. J’ai aussi mis fin à cette tradition veille de quatre siècles qui voulait que le successeur du Dalaï Lama prenne automatiquement la tête du pouvoir temporel et spirituel. De manière formelle, volontaire et joyeuse, cela a pris fin », a déclaré Tenzin Gyatso.

Dépoussiérer la religion bouddhiste en sabordant une institution séculaire. Le moine à robe grenat avait déjà évoqué la fin de la réincarnation une première fois lors à un journal allemand en septembre 2014. Deux ans après, ces mots raisonnent dans l’hémicycle du Conseil de l’Europe. Une manière de contrer les plans chinois concernant sa propre succession.

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