Lourdes: le pèlerinage démarre malgré la menace

L'un des plus grands pèlerinages du catholicisme s'ouvre ce 12 août, avec forcément des mesures de sécurité renforcée dans la foulée des attentats de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray. Originaires de toute l'Europe, les dizaines de milliers de fidèles qui affluent vers la ville ne sont pas pour autant inquiets.

Avec notre envoyée spéciale à Lourdes, Victoire Faure

Depuis hier, des fidèles catholiques du monde entier affluent vers la ville de Lourdes. Ce 143e pèlerinage national célèbre dans la tradition catholique la montée au ciel de la Vierge Marie, l'Assomption, qui a lieu le 15 août.

Après l’attentat de Nice le 14 juillet dernier qui a fait 85 morts et le meurtre d'un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray, le pèlerinage de Lourdes pourrait être une cible pour les terroristes. Les mesures de sécurité ont donc été largement renforcées et les fidèles sont rassemblés cette année à l’intérieur du sanctuaire.

Sur la vaste esplanade, des gendarmes, des policiers et des militaires détachés de l’opération Sentinelle patrouillent au milieu des pèlerins et des religieuses. Au total, 249 CRS et gendarmes mobiles ainsi que 27 militaires ont été mobilisés. Ce dispositif de sécurité est totalement inédit car ce lieu est privé. L'accord du sanctuaire a donc été nécessaire.

Peur d'une attaque à la voiture-bélier

Cette année, les entrées sont limitées à trois portes au lieu de 12 en temps normal. Avant d’entrer sur le site, vaste de plus de 50 hectares, on n'effectue pas de fouilles au corps mais les sacs des visiteurs doivent être systématiquement ouverts. Des agents de sécurité privés ont également été mobilisés.

Avec ses rues sinueuses et escarpées, Lourdes, perchée dans les Pyrénées, s'avère difficile à sécuriser. D’autant plus que le sites de recueillement pour les fidèles sont nombreux. La ville en compte 22 en tout. Conséquence de l'attaque de Nice, de nombreuses rues adjacentes au sanctuaire ont été tout simplement barrées et d'imposants blocs de béton ont été posés pour empêcher l’attaque d’une voiture-bélier.

« Le risque zéro n'existe pas »

La très grande majorité des pèlerins sont des habitués de Lourdes, où ils viennent chaque année depuis plusieurs décennies ici, surtout pour se rendre près de la Grotte des Apparitions, toute proche de la Basilique de l’Immaculée Conception. Tous ont noté cette présence des forces de l’ordre « anormalement » élevée. Mais beaucoup s’accordent à dire que cela les rassure en cette période. A l’entrée de l’église du Sacré-Cœur de Lourdes, un panneau avertit : «Eglise placée sous vidéo surveillance avec enregistrement ».

Quentin Chambon, par exemple, est un jeune croyant « hospitalier ». Cette année, il a décidé de venir s’occuper des malades à Lourdes. La menace ne l'a pas refroidi et l'a même encouragé. Ce pèlerinage est presque une manière de faire passer un message. « Ici, à Lourdes, on entend parler toutes les langues, raconte-t-il. Les pèlerins arrivent de toute l’Europe, d'Italie ou d'Espagne dans cette ville ou il est difficile de trouver une rue sans un hôtel ou une supérette dédiée à de l’art religieux. Menace terroriste ou pas, les croyants sont présents pour prier la Vierge Marie et ils affluent depuis 6h30 ce matin ». Un pèlerin, arrivé hier de Belfort ajoute qu’en France, catholique ou pas, le risque zéro n’existe pas, qu’il faut donc « vivre avec ».

Ce vendredi 12 août au matin, à 10h, une messe a été célébrée pour l'ouverture du pèlerinage de Lourdes. Le pèlerinage durera ensuite quatre jours jusqu’à la grande procession du 15 août., qui ne partira pas de la ville haute, exceptionnellement, cette année. L’année dernière, 25 000 fidèles s'étaient rendus à Lourdes.

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