La sauce a pris très facilement pour la première édition du Refugee Food Festival, le festival de la cuisine des réfugiés, ou « cuisine réfugiée ». Onze restaurants ont accepté de coopérer pour ce projet, monté par plusieurs associations et l'UNHCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés.
Dans l'établissement La Mano, dans le 9e arrondissement de Paris, le menu a été pensé à deux, pour être préparé à quatre mains. Au total, neuf plats ont été concoctés avec Aïmad Chochara, le chef invité. Réfugié politique syrien, il est arrivé en France il y a trois ans.
« Lorsque je cuisine, je me retrouve et je suis vraiment moi-même. Ce qui me réjouit le plus, c’est de pouvoir faire découvrir cette culture, de partager une autre cuisine du monde. Je vais proposer quelque chose de vraiment spécial. C’est ma manière à moi de dire merci », explique-t-il.
« La cuisine, c'est beaucoup d'amour »
C'est Marion Bonneau, chef de La Mano, qui a ouvert sa cuisine à Aïmad Chochara. « Aïmad a une histoire très différente de la mienne, remarque-t-elle. C’est toujours intéressant de s’ouvrir et d’écouter ce que les gens ont à dire. La cuisine, c’est beaucoup d’amour. Si on écoute vraiment ce que la personne a à nous dire, ça peut être magnifique ! »
Houmous, feuilles de vigne, taboulé... Autant de merveilles syriennes que M. Chochara espère bientôt proposer dans sa « cuisine mobile », son projet de « food truck ». « Je voudrais que les Français arrêtent de manger des kebabs », scande le chef cuisinier. « Je veux leur proposer des plats sains, simples, peu chers et bons, qu’ils n’oublieront jamais. » A vos papilles !
« Des conditions pas acceptables »
« On s’est rendu compte que derrière le mot réfugié, immédiatement, on avait des images extrêmement misérabilistes et anxiogènes en tête. Elles correspondent à une réalité dramatique, humaine et sociétale. Mais il fallait dépasser ça », justifie Marina Mandrila, co-fondatrice de l’organisation Food Sweet Food, à l'initiative du festival.
« Il faut montrer aux gens qu’ils sont comme vous et moi et qu’ils n’ont pas choisi d’être là, qui ont été persécutés et protégés par l’Etat français », poursuit-elle.
Pour Mme Mandrila, de nombreux réfugiés ont des « talents incroyables » et ne demandent « qu’à être valorisés ». Mais « énormément de problématiques de demandeurs d’asile », avec le milieu de la restauration, empêchent cette reconnaissance. Selon Marina Mandrila, beaucoup de réfugiés travaillent en cuisine « de manière pas légale » et « dans des conditions pas acceptables ».