Inondations: la décrue est là, mais pour les victimes, «il faut tout refaire»

Dans le secteur aval de la Seine, les départements de la Seine-Maritime et de l’Eure sont passés de vigilance rouge à orange, et la décrue se confirme aussi ailleurs dans le pays : à Paris notamment, où le pire a été évité (5,77 m ce dimanche à 8 h), mais aussi dans l’Essonne, durement touchée. Pour les entreprises inondées, l’heure est au nettoyage et aux comptes. Reportage à Longjumeau dans une société qui vend des éclairages et du matériel sonore.

Devant les bureaux de l'entreprise Impact Evénement, une grande benne verte déborde. Elle est remplie de plaques de métal qui constituaient le plancher du rez-de-chaussée du bâtiment.

« Tous les bureaux du rez-de-chaussée ont été inondés. Tous les planchers techniques sont en train d’être détruits, constate Xavier Drouet, le propriétaire de l'entreprise. Vous avez la ligne d’eau là. Elle est montée jusqu’ici. Par rapport au sol naturel, ça fait 40 cm. Au-dessus du plancher technique, ça fait 20 cm, mais suffisamment pour qu’il pourrisse et que tout soit à refaire. Les murs en placoplâtre forcément sont morts. Il faut tout refaire. Il faut tout casser. »

Malgré l'ampleur des dégâts, les affaires continuent. Avec un peu d'ingéniosité, Xavier Drouet a réussi à réorganiser ses équipes. « Là on s’apprête à installer un podium de défilé de mode pour pouvoir passer d’une pièce à l’autre, en attendant de faire les travaux qui vont durer plusieurs mois. On va louer des cabanes de chantier pour réinstaller provisoirement les gens. Puis on a mis un groupe électrogène pour compenser l’électricité qui ne reviendra pas avant une semaine. »

Des commerçants tributaires des assurances

Entre les travaux et le matériel à remplacer, Xavier Drouet estime qu'il y en a pour plusieurs centaines de milliers d'euros. Une somme que les assurances ne prendront pas totalement à leur charge. Mais sa société a les reins solides, affirme-t-il, et cette catastrophe n'hypothèque pas son avenir.

La situation est plus dramatique pour Eric Schlaepfer. Ce boulanger de Longjumeau a fait les comptes et constate avec amertume que la note est salée. « L’équipement coûtant très cher en boulangerie, je peux dire que je suis sur une base de 150 000 euros au niveau du matériel. La perte d’exploitation le temps des travaux, on peut l’estimer à au moins un mois et 50 à 60 000 euros. Les matières premières qui ont été jetées, on peut dire entre 15 et 20 000 euros. On dépasse les 200 000 euros de perte sur le mois de juin, calcule-t-il. Au niveau de la trésorerie, c’est clair qu’on ne pourra jamais faire face. Seules les assurances peuvent nous sortir de ce mauvais pas. »

Etat de catastrophe naturelle

Les indemnisations des assurances devraient être versées d’ici trois mois, si toutefois l’état de catastrophe naturelle est reconnu par l’Etat. Au total, dans les régions concernées, 20 000 personnes ont été évacuées. Et 13 000 foyers sont, ce dimanche, toujours privés d'électricité.

François Hollande a qualifié la crue de « vraie catastrophe » et, dès mercredi prochain, l’état de catastrophe naturelle sera certainement reconnu lors du Conseil des ministres. Des pluies sont encore attendues cette prochaine semaine mais elles ne devraient pas avoir de conséquences sur le niveau de la Seine.


La Seine poursuivait sa décrue dimanche 5 juin à Paris, revenant à 5,77 mètres en début de matinée. Toutefois à Vaux-sur-Seine, commune des Yvelines situées sur la rive du fleuve, les équipes municipales restent en alerte. Si la majeure partie de la ville est épargnée, l’île de Vaux est inaccessible à pied. Et les habitants profitent du nouveau paysage.

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