Maureen (Kristen Stewart) ouvre le film en ouvrant la porte d’une maison à Paris. Ici est mort son frère jumeau, médium comme elle. Maintenant, elle attend que Lewis tienne sa promesse : celui qui meurt en premier envoie à l’autre un signe. Dès la première nuit, la maison vide et hantée commence à vibrer : une croix sur le mur, une boule de lumière…
Accéder aux esprits
Olivier Assayas essaie de capter ces phénomènes surnaturels avec une luminosité très basse où notre vision peine à distinguer les choses, où les formes se diluent en tâches de couleurs et champs d’énergie. Sculpté dans les ombres de la nuit, le visage de Kristen Stewart surgit, à cheval entre les univers. Pour faire le deuil de son frère, elle doit accéder aux esprits, entreprise difficile.
Pendant la journée, elle gagne sa vie comme Personal Shopper, acheteuse de vêtements pour une riche Américaine. On a droit à de magnifiques images de rue quand Maureen traverse la capitale sur son scooter pour faire les boutiques de luxe. Mais acheter une ceinture et deux petits sacs à main pour 4 500 euros est devenu un boulot qu’elle déteste. « Je fais des choses débiles toute la journée », assène-t-elle.
Le spiritisme, de Hilma af Klint à Victor Hugo
Elle décline l’offre d’Ingo (Lars Eidinger), l’amant - sans amour - de sa patronne. Au lieu de travailler pour Men’s Vogue à Berlin, elle préfère parler avec Ingo des âmes errantes après la mort, de l’œuvre métaphysique de l’artiste suédoise Hilma af Klint ou de la fascination de Victor Hugo pour le spiritisme et les tables tournantes…
Maureen ressent un besoin urgent de faire des choses interdites, de changer, de se transformer. Elle adopte un look androgyne qui semble comme un appel à rejoindre son frère. Les mondes invisibles sont de plus en plus présents à mesure que le film se poursuit… Avec Das Hobellied de Marlene Dietrich, la mort frappe à la porte. Sa patronne sera bel et bien massacrée. Hélas, le jeu de fantômes et d’esprits surnaturels finit par devenir aussi gênant que les séances d'essayage de produits de luxe auxquelles Kristen Stewart, topless et en string, se livre de façon frénétique, ou encore les textos qu’elle envoie plus vite que son ombre à un « esprit » inconnu.
De « Sils Maria » à « Personal Shopper »
Avec Personal Shopper, Olivier Assayas voulait continuer avec Kristen Stewart d’interroger la réalité d’une autre manière. Là où il avait atteint des sommets avec Sils Maria, il perd aujourd’hui un peu son âme avec Personal Shopper, enfermant ses pensées dans les sacs gonflés des produits de luxe.