De notre envoyé spécial,
Et si cette année tout le Festival de Cannes était clandestinement mis en scène par Woody Allen ? En effet, sur la Croisette, tous les ingrédients chers au réalisateur new-yorkais semblent réunis et régis par ses lois éternelles : une flopée de stars pour se rincer l’oeil, une affiche rétro et en même temps ultramoderne pour satisfaire tous les goûts, une ambiance à la fois électrique et nostalgique, la promesse d’une comédie en récompense des drames subis et la certitude d’une fin heureuse, parce qu’à Cannes, la vie n'est que du cinéma… et la majorité des spectateurs sont convaincus qu’il est possible de vivre une histoire d’amour comme au cinéma.
Une sécurité exceptionnelle
Pendant les prochaines deux semaines, Cannes mériterait la Palme de la ville française la plus regardée et la plus équipée en caméra de vidéosurveillance. Six mois après les attentats de Paris, les autorités ont promis une « mobilisation exceptionnelle » face à « un risque plus élevé qu’il ne l’a jamais été ». Plus ou moins discrets, des centaines de policiers sont déployés, mais aussi des démineurs, et même sept nageurs sauveteurs.
Kristen Stewart dans le Hollywood des années 1930
Malgré tout, sur le tapis rouge et dans les coulisses, le Festival de Cannes 2016 s’affiche comme un « festival à stars », avec Kristen Stewart comme reine de la Croisette. La jeune actrice américaine ouvre le bal avec Café Sociéty de Woody Allen, couvre les Unes des magazines, fait rêver les jeunes et les moins jeunes et promet du très grand cinéma avec le nouveau film Personal Shopper d’Olivier Assayas qui l’avait déjà magistralement dirigée dans Sils Maria, aux côtés de Juliette Binoche. Cette fois-ci, l’ex-star de Twilight se trouve accompagnée par Jesse Eisenberg incarnant un jeune homme qui rêve de Hollywood dans les années 1930.
Jeff Nichols, un Blanc et une Noire
Sean Penn foulera le tapis rouge aux côtés de Javier Bardem, Adèle Exarchopoulos et son ancienne épouse sud-africaine Charlize Theron pour The Last Face. Jim Jarmusch et Jeff Nichols sont les deux autres réalisateurs américains en lice pour la récompense suprême. Le dernier s’attaque à une histoire d’amour entre un Blanc et une Noire qui avait marqué l’histoire des droits civiques des États-Unis dans les années 1950.
« Juste la fin du monde »
Côté jury, il est amusant de s’imaginer comment l’actrice américaine Kirsten Dunst jugera Julieta de l’Espagnol Pedro Almodovar. Quelle impression laissera Juste la fin du monde du prodige canadien Xavier Dolan chez l’acteur danois Mads Mikkelsen, membre du jury comme Vanessa Paradis ? Et « Mad Max » George Miller devra peut-être trancher entre Rester vertical d’Alain Guiraudie, l’un des quatre Français en lice pour la Palme d’or, et Toni Erdmann de Maren Ade, le nouvel espoir du cinéma allemand.
L’esprit Woody Allen
La seule Fille inconnue qui montera les 24 marches du Palais sous la lumière des caméras sera le film de Luc et Jean-Pierre Dardenne, en lice pour leur troisième Palme d’or. Du coup, les frères belges pourraient conseiller un peu la Pretty Woman. Car Julia Roberts vivra (hors compétition) sa première cannoise en compagnie de George Clooney, grâce à Money Monster de Jodie Foster. C’est l’histoire d’une bête médiatique prise en otage en pleine émission par un spectateur qui a trop cru à la télévision et tout perdu. Là encore, l’esprit Woody Allen n’est pas loin.
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