La Comédie-Française et le Théâtre de l'Odéon bloqués par les intermittents

La Comédie-Française a été occupée par des intermittents du spectacle mardi 26 avril au soir. Ils dénoncent les négociations en cours sur la réforme de leur assurance chômage. Une centaine d'entre eux a empêché la représentation qui devait être donnée, tandis que le Théâtre de l'Odéon était occupé pour la troisième nuit consécutive. Et à chaque fois, des participants de « Nuit debout », partisans de la convergence des luttes, ont rejoint les manifestants.

Ils sont une petite centaine dedans, un peu plus dehors. Des intermittents du spectacle ont pris le pouvoir à la prestigieuse Comédie-Française à Paris, empêchant les spectateurs de voir Lucrèce Borgia.

Les intermittents sont en pleine renégociation de leur régime d'assurance chômage. « Dans une conversation entre deux personnes, on essaye de parler, de dire : j'aimerais ci, j'aimerai ça. Au bout d'un moment, quand on voit que la personne en face n'entend rien, on tape du poing sur la table. Quand à l'échelle au-dessus, on voit que la discussion est vraiment vaine, on tape un coup de poing sur la table à l'échelle sociale », explique Julien. 

Cinquante coups de poing plutôt, comme le nombre de théâtres occupés ce mardi soir en France. Les intermittents sont donc présents, mais aussi les participants à « Nuit debout ». « Bien sûr il y a la loi El Khomri, mais il n'y a pas que ça comme critique. Il y a deux volontés : celle de soutenir les intermittents d'abord et de participer à cette globalisation du mouvement qui on le voit, s'exporte aussi dans d'autres pays », explique l'un d'entre eux. 

Troisième nuit d'occupation à l'Odéon

« La direction du Théâtre de l'Odéon vient de nous annoncer que le spectacle de ce soir est annulé ». Sur la place, une centaine de personnes écoutent attentivement, dans le froid et la pluie.

Au Théâtre de l'Odéon, l'occupation s'est poursuivie pour la troisième nuit consécutive mardi. La CGT Spectacle et la Coordination des intermittents et des précaires avait appelé à soutenir l'occupation des lieux en manifestant sur la place de l'Odéon en début de soirée.

Les témoignages convergent. Comme Maud, jeune metteur en scène, leur lutte dépasse le cadre de l'assurance chômage. « La culture de demain c'est nous, c'est les jeunes qui sortent d'écoles et donc il faut qu'on se sente concernés. C'est une lutte idéologique qui est en train de se jouer, on ne parle pas que d'assurance chômage, on parle de la place de la culture en France », souligne-t-elle.

Sur le balcon, une banderole prône la convergence des luttes. Message reçu. Dans la foule, cheminots grévistes et participants à la « Nuit debout » se succèdent au micro. Ils sont rejoints par des étudiants, comme Emma, qui militent au Nouveau parti anticapitaliste (NPA). « On a un peu tous des revendications différentes. Pas si différentes parce qu'on se rejoint quand même tous sur la Loi Travail. Si on veut faire reculer le gouvernement sur chacune de ces revendications, c'est tous ensemble qu'il faut se battre », assure-t-elle.

Au bout d'une heure, la foule s'empare des barrières de sécurité et se rapproche des dizaines de CRS postés à l'entrée du théâtre, qui sortent les gaz lacrymogènes. Mais le calme revient rapidement. On entonne « La Javanaise » de Gainsbourg. A l'Odéon, on préfère lutter en chanson.

Les intermittents du spectacle doivent être reçus ce mercredi au ministère du Travail.

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