L'opération reconquête de François Hollande a démarré avec l'émission « Dialogues citoyens » sur France 2. Sur le plateau : quatre Français, des journalistes vedettes, un président relégué dans les tréfonds des sondages, à un an de l'échéance présidentielle, avec pour passif quatre années au pouvoir largement contestées.
L'émission commence par un concentré de pédagogie de ses quatre années à l'Elysée. « Oui, ça va mieux », a répété François Hollande : il y a « plus de croissance, moins de déficits, moins d'impôts et plus de compétitivité ». Un plaidoyer défensif, un président très précis, parfois même un peu technocrate. François Hollande, à qui souvent ses amis répètent qu'il ne sait pas faire le récit de son quinquennat, a eu cette formule : il a un « fil conducteur » depuis quatre ans, un fil conducteur qui n'a pas varié : moderniser le pays tout en protégeant son modèle social.
Maintien de la loi El-Khomri
Défense de son bilan donc, mais aussi de ses engagements pris en 2012 : « Je ne renie rien de ce que j'ai dit au Bourget ». François Hollande répondait là à une question sur son engagement pour la jeunesse, celle qui est aujourd'hui rassemblée massivement, debout la nuit, à Paris et dans plusieurs villes du pays, pour clamer, entre autres, son rejet de la loi Travail El-Khomri. Celle qui, selon François Hollande, est « légitime » à « s'exprimer ».
A ce sujet, de nouveau accusé d'indécision après des reculades sur plusieurs réformes, il a cependant assuré qu'il ne renoncerait pas à cette loi qui « ne sera pas retirée » même s'il peut y avoir des « corrections » au Parlement. Selon lui, « discuter, concerter (...) ce n'est pas céder à la rue ».
Deux recadrages : Hollande ira « jusqu'au bout »
Se défendre et s'afficher toujours soucieux de réformer, « jusqu'au bout », a répété le chef de l'Etat, dans un recadrage très sec adressé à son insolent ministre de l'Economie.
Emmanuel Macron s'était exprimé depuis Londres juste avant l'émission, disant qu'il avait été décidé d'« arrêter une partie des réformes ». « C'est toujours compliqué de lancer des réformes à la fin d'une mandature », a déclaré le ministre lors d'une conférence organisée par le quotidien économique Financial Times sur l'avenir de l'Europe. Il a notamment évoqué « beaucoup de tensions sociales causées par la situation économique » en France. Réponse de François Hollande : « Emmanuel Macron sait ce qu'il me doit, c'est une question de loyauté politique et personnelle. »
Recadrage également de son Premier ministre qui aurait souhaité une loi sur le voile à l'université : il n'y en aura pas, a tranché Hollande.
Candidat en 2017 ?
Aux neuf Français sur dix qui jugent négativement son bilan, François Hollande a opposé : « je n'ai pas de doute sur le cap que j'ai choisi », « être président, c'est vivre tout le temps avec la tragédie », « j'ai tenu bon dans toutes les difficultés ».
En toute fin d'émission est posée l'habituelle question sur la candidature du président en 2017 : il prendra sa décision sur sa candidature « à la fin de l'année ».