Par ces entretiens du jour, le gouvernement voulait tendre la main à la jeunesse qui proteste. Mais cette main tendue, les syndicats ne comptent pas l'embrasser pour autant.
« Le désaccord persiste » sur le projet de loi Travail, a affirmé ce mercredi le président de la principale organisation étudiante, l'Union nationale des étudiants de France (Unef), William Martinet. Et d'appeler les jeunes à « rester mobilisés », notamment pour une manifestation jugée « déterminante » ce samedi.
Rester ferme tout en jouant la carte du dialogue, voilà la position assez compliquée à tenir de l'Unef. L’objectif affiché est clair : obtenir des avancées dans un cadre « dynamique et ambitieux ».
Les syndicalistes étudiants mobilisés
A la sortie de son entretien avec les ministres Najat Vallaud-Belkacem, Myriam El Khomri et Patrick Kanner, William Martinet évoque malgré les désaccords « un cadre de dialogue qui, on l'espère, permettra de faire bouger les choses en positif ».
« Nous ne renonçons pas et nous avons été très fermes dans la discussion avec les ministres. Ce projet de loi est un mauvais projet de loi. Nous continuons à demander son retrait », assure le leader étudiant.
« Sur ce terrain-là, on restera solidaire des organisations syndicales professionnelles dans les semaines et les mois qui viennent », ajoute le responsable de l'Unef, dont le mouvement se situe à la pointe de la mobilisation contre la loi El Khomri.
Les contre-propositions étudiantes
Sur son projet de loi, le gouvernement « refuse de faire marche arrière », constate pour l'instant William Martinet, qui espère en revanche faire avancer quelques contre-propositions. Parmi les revendications syndicales étudiantes :
• une aide financière pour la recherche du premier emploi ou le prolongement des bourses étudiantes le cas échéant ;
• la sur-cotisation des contrats à durée déterminée (CDD) - qui coûteraient donc plus cher aux entreprises -, pour favoriser les contrats à durée indéterminée (CDI) ;
• ou encore la gratuité du Code de la route pour tous les lycéens.
Vers un geste en faveur des jeunes ?
Pour le gouvernement, l’exercice est périlleux. Il doit se montrer ouvert aux revendications, sans pour autant modifier la loi Travail défendue par Myriam El Khomri. Pour le moment, difficile de voir les réponses que les ministres prévoient d'apporter à ces revendications.
On sait déjà cependant qu’un point précis a été recalé, à savoir la création d’un revenu de solidarité active (RSA) pour les jeunes. Ce revenu minimum est considéré comme une mesure d’assistanat par le gouvernement français.
Il se murmure en revanche qu’un geste fort sera fait en direction des syndicats. Reste à savoir lequel, et si cela suffira à calmer les mobilisations étudiantes à l’approche du mois de mai.
Les organisations reçues tour à tour
Au sujet des conditions de vie et de travail des apprentis, « je crois que nous avons été écoutés par le gouvernement », a commenté le numéro un de l'Unef, qui se dit déterminé à lutter contre ce qu'il appelle le « bizutage social des jeunes » à leur entrée dans la vie active.
Peu après 13h ce mercredi, le leader d'un autre mouvement, la Fage, est arrivé à son tour pour rencontrer les trois ministres. Son président, Alexandre Leroy, a plaidé devant les ministres pour « une allocation d'un niveau équivalent au RSA » versée aux jeunes diplômés jusqu'au premier emploi.
La Fage a, par ailleurs, demandé pour la prochaine rentrée universitaire « un geste sur les bourses, notamment les bourses d'un niveau inférieur », qu'il n'y ait « pas d'augmentation des frais d'inscription » et des « mesures sur le logement, la garantie locative pour tous les jeunes et l'encadrement des loyers ». Plus tard dans l'après-midi, ce sera au tour des organisations lycéennes (SGL, UNL et Fidl) de rencontrer les ministres.