Aéroport de Notre-Dame-des-Landes: un projet «surdimensionné» selon des experts

Les experts mandatés par la ministre de l’Environnement Ségolène Royal pour évaluer la pertinence du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, dans la région nantaise, ont rendu leurs conclusions ce mardi 5 avril. « Fruit d’une conception ancienne », le projet est « surdimensionné », estiment les experts.

Construire un aéroport à Notre-Dame-des-Landes est un projet vieux de 50 ans mais qui génère depuis quelques années une forte tension entre riverains, opérateurs économiques, élus et défenseurs de l’environnement. Le site est d’ailleurs occupé depuis sept ans par des opposants auxquels viennent prêter main forte, ponctuellement, d’autres adversaires du projet en cas d'annonce d'intervention policière, notamment pour des expulsions des « zadistes », les occupants de la ZAD (Zone à défendre).

La synthèse que viennent de rendre publique les experts mandatés en janvier dernier par Ségolène Royal, qui a exprimé déjà ses réserves, sur le projet de nouvel aéroport, se base sur les nombreuses études déjà réalisées. Selon les trois inspecteurs généraux des ponts, des eaux et des forêts – l’un d’entre eux a également travaillé sur le projet également contesté du barrage de Sivens – , « force est de constater que le projet, fruit d'une conception ancienne, est surdimensionné ». Une redéfinition du projet permettrait de « réduire les coûts et les impacts environnementaux et fonciers », expliquent les experts.

Un rapport, deux hypothèses

Première hypothèse élaborée par ces trois ingénieurs missionnés par Ségolène Royal : le réaménagement de l’actuel aéroport. Cela revient à la rénovation de la piste, l'aggrandissement de l’aérogare, la mise en silo des parkings et l'allongement de la ligne de tramway. Les auteurs du rapport préconisent aussi la mise en place de nouvelles procédures d'approche qui réduiraient considérablement le bruit lors des atterissages. Le coût : environ 300 millions d’euros.

Deuxième hypothèse : la construction d’un nouvel aéroport qui se ferait bien à Notre-Dame-des-Landes mais dans des dimensions réduites. Les experts recommandent une seule piste, soit des installations à peu près identiques à celui de l'aéroport existant. Il s'agirait alors d'un projet très éloigné de l'idée initiale, celle d'un aéroport international destiné à accueillir «  les avions gros-porteurs des lignes intercontinentales  », doté de deux pistes plus longues et plus larges que celle de Nantes. Les auteurs du rapport regrettent d'ailleurs que le cahier des charges initial n’ait pas été réévalué au fil du temps. Quant au coût, l'incertitude persiste. Le dossier de concession évoque 364 millions, un montant largement réévalué depuis. Mais selon les opposants, construire à Notre-Dame-des-Landes coûterait dix fois plus cher que de conserver et rénover Nantes-Atlantique.

Royal et Valls, deux analyses divergentes

« C'est un très bon rapport, incontestable, qui desserre l'étau du tout ou rien, qui dit qu'on peut recalibrer le projet et que l'aménagement de l'aéroport actuel n'est pas non plus impossible », a déclaré ce mardi la ministre de l'Environnement au journal Le Monde. Une analyse que ne partage pas Manuel Valls. Le Premier ministre a estimé dans un communiqué que ce rapport validait la pertinence du projet controversé de transfert de l'aéroport de Nantes. Concernant un agrandissement de l'aéroport actuel, Matignon insiste sur les aspects négatifs retenus par le rapport : le coût, les nuisances sonores et l'impact sur l'environnement.

Les habitants du département de Loire-Atlantique doivent être consultés sur le projet le 26 juin prochain. Un périmètre que sa ministre de l'Environnement n'a pas renoncé à élargir. Le projet d'aéroport du bocage breton fera sans doute de nouveau parler lui.

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