Ça ressemble à une plaisanterie, mais le Salon de la Femme d'Angoulême n’en est pas une. C’est même assez sérieux, voire plutôt commercial, avec tout ce qu’il faut de commerçants proposant leurs produits. Du chocolatier au boucher-traiteur, en passant par l’esthéticienne et le sexshop du quartier, plusieurs dizaines de stands seront présents « au nom des femmes tout simplement », dit la présentation.
Pole dance et danseur gogo
A l’affiche, et dans le prolongement de la Journée internationale des femmes du 8 mars (sic), cette manifestation est destinée à « mettre les femmes en valeur », assure l’association promotrice, Fac 16. Et pour ne rien rater des multiples talents dont sont dotées les femmes, un concours de repassage est même prévu en soirée.
Sans oublier des numéros de pole dance, de danseur gogo et pendant qu’on y est, de l’effeuillage. Les organisatrices ont beau se défendre de tout sexisme en assurant que des hommes participeront à l’épreuve de repassage, ça ne passe décidément pas.
Paris Hilton ou Simone de Beauvoir
Sur l’affiche qui annonce l’événement, le mot « femmes » s’inscrit en paillettes bien roses : tout de suite, on pense davantage à Paris Hilton plutôt qu’à Simone de Beauvoir… Ah bon, le 8 mars aurait pris un tournant qui nous aurait échappé ? Ici en tout cas, à Angoulême, on va parler pour « nous les femmes » de mode, de beauté et de décoration.
Et au cas où certains s’en inquiéteraient, la présidente de Fac 16, Annyck Andrieux par ailleurs connue pour son combat contre les violences conjugales, chasse toute ambigüité : « Ce n’est pas du tout féministe, surtout pas » !
Créneau commercial
Les associations féministes, elles, s’en doutaient bien un peu qui sont montées au créneau pour dire leur consternation. Ce qui ulcère leur « collectif 8 mars » c’est avant tout le choix de la date qui associe ce salon à la Journée internationale des femmes.
Interrogée par le quotidien Sud-Ouest, Claudy Vouhé membre de Genre en action, remarque que de plus en plus de commerces comme cette chaîne de parfumeries qui labellise ses produits « Journée de la Femme», « font du 8 mars quelque chose qui tient plus de la Saint-Valentin ou de la fête des Mères ». « Le 8 Mars n’est pas un créneau commercial de plus pour vendre de l’"éternel féminin", », s’agace-t-elle.