Quand Aubry parle d'une primaire depuis Lille, Hollande joue au foot à la Boca

Jeudi 25 février, le mouvement militant pour une primaire à gauche a fait étape à Lille, grande ville du nord de la France administrée par Martine Aubry, première signataire d'une tribune au vitriol publiée cette semaine contre le tandem Valls-Hollande. L'occasion pour l'ancienne patronne du PS de se montrer aux côtés des déçus du quinquennat, alors qu'au même moment, le président travaillait son pied droit dans le mythique quartier argentin de la Boca.

C'est leur porte-voix du moment. Martine Aubry, visiblement fière de l'effet suscité par la fameuse tribune publiée dans les colonnes du quotidien Le Monde et très critique vis-à-vis de l'action du gouvernement, assume son rôle à part. Jeudi soir, elle est arrivée presque à la fin d'une réunion des partisans d'une primaire à gauche.

Et elle a porté encore un dernier petit coup à François Hollande : « Le premier secrétaire du Parti socialiste a dit qu'il était pour la primaire. Et comme le président de la République a l'air de dire que s'il était candidat, il n'y serait pas opposé, il faut pousser à ce que chacun accepte de venir dans ce grand mouvement démocratique », plaide désormais la maire de Lille.

Il s'agit d'un pas en avant. Jusque-là, Martine Aubry le répétait : François Hollande peut être candidat à sa réélection en 2017 sans passer par la case primaire. Mais pas question, pour l'ancienne première secrétaire du PS, d'affronter trop ouvertement le chef de l'Etat pour l'instant.

Quelle alternative à gauche ?

D'ailleurs, à gauche, on est encore bien loin d'un consensus. L'écologiste Karima Delli s'interroge encore : « Je ne suis pas là pour dire que je suis pour un " oui " franc, comme Cécile Duflot, à la primaire ; je ne suis pas comme Mélenchon, qui dit " non " ; moi, je dis : " Pourquoi pas, mais à quelles conditions ? », explique-t-elle en marge du rendez-vous de Lille.

A l'inverse, l'économiste Thomas Piketty, également présent, a déjà un calendrier en tête : « L'avant-primaire de la droite est déjà calée, fin novembre. La primaire à gauche doit avoir le même calendrier : il faut qu'au septembre, en octobre, en novembre, on ait une grande explication à gauche », considère-t-il de son côté.

« On avance en marchant », constate un socialiste lillois. Comprendre : à l'heure où les champions de la droite fourbissent leurs armes, les déçus du quinquennat à gauche ont pour leur part bien du mal à sortir de la condamnation pour faire naître une éventuelle alternative à François Hollande.

L'intéressé travaille sa gauche

Pendant que certains débattaient d'une éventuelle primaire jeudi soir, le président, en déplacement à Buenos Aires pour sa part, n'avait pas l'air particulièrement inquiet, travaillant activement son pied droit et les transformations de penalties tirés à gauche.

En marge de sa tournée, qui s'achevait en Argentine aux côtés du nouveau président Mauricio Macri, François Hollande s'est en effet réservé quelques moments de décompression, dont une visite du mythique stade de la Boca, où il a marqué un tir au but sous les yeux attentifs d'un David Trézéguet agréablement surpris.

Le champion du monde 1998, franco-argentin, a en effet trouvé le chef de l'Etat « bien placé dans son imagination, parce qu'il a mis une frappe côté gauche. Ça veut dire qu'il a vu que le gardien partait de l'autre côté. » Voilà, n’en déplaise à Martine Aubry, François Hollande distingue encore sa gauche et sa droite, du moins sur ce terrain.


■ Retour à Paris, retour aux ennuis

Fin de parenthèse, fin d'une tournée qui aura conduit François Hollande en Polynésie française, au Pérou, en Argentine et en Uruguay. Les dossiers qui attendent le président à Paris sont nombreux. Entre autres, la crise migratoire et le dossier brûlant des agriculteurs. Depuis la capitale uruguayenne, le chef de l'Etat a déjà commencé à évoquer tous ces sujets, et notamment son projet de réforme du Code du travail qui agite tant son propre camp. Ecoutez le point de notre envoyé spécial à Buenos Aires et Montevideo.

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