Approuvée par l'Académie française en 1990, la réforme de l’orthographe a été appliquée pour la première fois en 2008. Le ministre de l'Education nationale de l'époque, Xavier Darcos, l'avait fait revivre en intégrant les rectifications de l'orthographe proposé par le Conseil supérieur de la langue française dans les manuels du programme scolaire. Quelques éditeurs avaient alors utilisé cette nouvelle orthographe mais les enseignants, eux, s'ils n'étaient pas au courant, ne l’utilisaient pas du tout.
Objectif : simplifier l’écriture de quelques mots
Pour l’instant, les rectifications concernent 4% des mots seulement et ne s'appliquent pas au programme des collèges. Il s'agit de simplifier l'écriture de quelques mots, comme par exemple « nénuphar ». Désormais le mot pourra s’écrire avec un « f », soit « nénufar ». Ensuite, quelques traits d'union vont disparaître comme dans le mot « pique-nique » qui pourra s’écrire en un seul mot. Enfin, des accents circonflexes vont également disparaître dans certains cas, comme ceux que l'on met habituellement sur les « i » des mots « maître » ou « abîme ».
En tout, ce seront quand même plus de 2 400 mots qui auront une nouvelle orthographe. Et pour simplifier le tout, cette réforme n'est pas obligatoire. Ainsi, les deux orthographes pourront cohabiter.
La réforme crée la polémique
Ces modifications ont provoqué une levée de bouclier, notamment sur les réseaux sociaux. Depuis mercredi 3 février, les commentaires fusent sur la toile et beaucoup d’internautes s'indignent de la simplification de l'orthographe française. « L'orthographe est le visage des mots. Renoncer à l'orthographe, c'est défigurer notre langue! » a commenté Bruno Lemaire, membre du parti Les Républicains (LR).
Pour l'Union nationale interuniversitaire, la réforme aboutira à un véritable appauvrissement de la langue française. De plus, pour certains pourfendeurs de la réforme, cette mesure risque de troubler les élèves qui se retrouvent désormais avec deux orthographes différentes pour un seul mot. D’autant plus que les rectifications seront apportées uniquement dans les manuels scolaires jusqu'en CM2, l'orthographe traditionnelle restant de rigueur au-delà.
L'académicien Jean d'Ormesson considère, pour sa part, qu'il y a quelque chose de scandaleux à mette à l’ordre du jour la réforme de l'orthographe alors que des préoccupations plus importantes se font entendre partout dans le pays, notamment chez les agriculteurs ou les chauffeurs de taxis. Il s’agit, selon lui, d’une façon de détourner l'attention des français par des réformes qui n'ont aucune importance.
Des voix s'élèvent tout de même pour soutenir la simplification de l'orthographe. La langue française contient bon nombre de pièges et d'exceptions, ce qui la rend difficile aux yeux des élèves mais aussi des étrangers !