Selon le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cévipof), un agriculteur sur cinq ayant voté Nicolas Sarkozy au premier tour en 2012 a choisi le Front national aux régionales de décembre 2015. A neuf mois de la primaire et à quinze de la présidentielle, l’ex-chef de l’Etat tente donc de regagner le terrain perdu alors que le secteur agricole est en crise.
« L’agriculture n’est que la variable d’ajustements d’accords politiciens avec une écologie politicienne, au service des intérêts politiciens d’un président de la République politicien », a lancé l'ex-chef d'Etat.
D’entrée de jeu, Nicolas Sarkozy a attaqué le gouvernement avant d’enchaîner les mots doux aux oreilles des agriculteurs : levée de l’embargo russe, sanctuarisation de la politique agricole commune (PAC), grand ménage dans les normes.
« Plan Marshall » de 10 milliards d'euros
Mais son opération séduction est allé plus loin. C'est à la France rurale qu'il veut s'adresser, une France à ses yeux « oubliée et humiliée » par rapport à la France des villes et des banlieues : « Ce n’est pas parce que, nous, on ne casse pas les abris bus qu’on souffre moins. »
Après le « plan Marshall » pour les banlieues qu'il avait lui-même promis avant d'arriver à l'Elysée, Nicolas Sarkozy veut maintenant un « plan Marshall » de 10 milliards d’euros pour les villages, avec une mesure phare : « Un euro investi dans la ville doit correspondre à un euro investi dans nos campagnes. »
Main tendue aux buralistes
Autre cible de cette reconquête des campagnes : les buralistes, intermédiaires précieux sur le terrain. « Si vous l’acceptez le paquet neutre, mais vous aurez demain des intégristes qui vous demanderont la bouteille neutre, puis on aura aussi le fromage neutre, a déclaré l'ancien président. On a déjà eu le président normal. »
Nicolas Sarkozy n’est pas le seul à draguer le monde rural. Bruno Le Maire, Alain Juppé, François Fillon ou encore Jean-François Copé multiplient eux aussi les clins d’œil à cet électorat de plus en plus tenté par le vote FN.