Grande-Synthe et Calais: aménagement des camps de migrants du Nord

Un camp d'hébergement provisoire a ouvert ses portes lundi 11 janvier dans la « jungle » de Calais, où vivent actuellement entre 4 500 et 5 000 migrants. Mais 40 kilomètres plus loin sur la côte française, depuis l’automne, la ville de Grande-Synthe (Nord) est confrontée à un afflux important : 2 500 personnes qui rêvent elles aussi d’Angleterre. Elles doivent se contenter de vivre dans un campement de fortune littéralement insalubre en attendant la prochaine construction d’un village de tentes géré par MSF.

Avec notre envoyée spéciale à Calais, Alice Pozycki

Il a fallu d’âpres négociations entre, d’un côté, la ville de Grande-Synthe associée à Médecins sans frontières (MSF), et de l’autre, l’Etat qui ne souhaitait pas construire de centre d’accueil dans cette localité. Le futur camp, qui sera géré par MSF, est seulement toléré par la préfecture qui n’aura à prendre en charge ni la construction, ni le financement, ni la gestion du lieu. Avec cette décision, les travaux vont pouvoir démarrer. Les choses vont aller très vite. Dans un mois, 500 tentes chauffées, capables d’accueillir 2 500 personnes, seront installées.

Les migrants pourront quitter la zone marécageuse dans laquelle ils vivent depuis des mois, et qui ne respecte aucune norme internationale. Les installations sanitaires sont complètement sous-dimensionnées, et avec la pluie de ces derniers jours, les conditions de vie sont encore pires. Les tentes de camping sont installées à même le sol, parfois enfoncées dans vingt centimètres de boue. L’eau s’infiltre partout. Donc, pour les associations et le maire écologiste de Grande-Synthe, il devenait urgent d’aménager un campement plus adapté.

A Calais, un centre ouvre ses portes

A 40 kilomètres de Grande-Synthe se trouve Calais et sa « jungle », cet immense bidonville où vivent actuellement entre 4 500 et 5 000 migrants. Lundi 11 janvier 2016, un centre d’hébergement provisoire y a ouvert ses portes  pour permettre aux migrants de mieux vivre au milieu de cette « jungle ». Les premières familles se sont installées : 144 personnes au total, qui vivaient parfois depuis plusieurs mois dehors, dans la « jungle ». Les quelque 120 containers sont aménagés de manière spartiate : lits superposés, prises téléphoniques et chauffage. Chaque container peut accueillir une famille d'environ six personnes, explique à RFI le directeur du centre d'hébergement.

Pour ce chef de famille afghan qui vivait dehors avecsa femme et ses six enfants, ces installations sont bienvenues. « Dans la jungle, il fait froid, c'est humide à cause de toute la pluie. Ici on sera à l'abri, on aura chaud, c'est vraiment bien » explique-t-il.

Mais, pour certains, ce n’est pas suffisant. Une femme érythréenne venue visiter ce centre lundi confiait à RFI qu’elle refuserait d'y venir, à moins d’être obligée de le faire. A ses yeux, elles est mieux dans sa cabane, dans la jungle, où elle peut au moins cuisiner et rester avec ses amis. Et d'expliquer qu'elle n'est pas la seule dans ce cas. En somme, si les travaux sont désormais achevés et que le centre a ouvert ses portes, il va à présent falloir convaincre certains migrants de venir s’y installer.

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