Dans la nuit noire, les grenades lacrymogènes font une pluie d'étincelles. Sous un épais brouillard de gaz, plusieurs dizaines de migrants crient, d'autres applaudissent. La scène filmée se déroule dans la jungle, entre les cabanes.
Selon plusieurs témoignages, les migrants ont d'abord tenté de ralentir le trafic sur la rocade qui mène au port et qui longe le bidonville. Les policiers ont ensuite répliqué avec canons à eau et cartouches de gaz lacrymogène. Près de 200 ont été tirées selon Gilles Debove, du syndicat SGP-Police FO à Calais. « Ça a commencé vers à minuit et demi jusqu’à 3h du matin, c’est particulièrement long, souligne-t-il. Et toujours ces migrants qui essaient de venir au contact des forces de police. Même s’ils sont à l’intérieur du camp, ça ne les empêche pas de jeter des bâtons, de tirer à la fronde et au lance-pierre sur les forces de police. »
Des migrants à bout
Depuis quelques mois, les affrontements entre une partie des migrants et les policiers sont récurrents. Pour Alexandra Limousin, de l'association L'Auberge des migrants, cela s'explique en partie par l'étanchéité de la frontière entre la France et l'Angleterre. « Il y a des gens qui sont là depuis des mois, ils n’en peuvent plus, ils sont épuisés. C’est vraiment difficile pour eux de se dire qu’ils sont bloqués là, qu’ils ne peuvent rien faire et que l’étau se resserre sur eux », explique-t-elle.
Au moment de ces affrontements, la préfète du Pas-de-Calais a annoncé vouloir démanteler les cabanes de la jungle et réduire le nombre de migrants à 2 000 contre près de 5 000 aujourd'hui.
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