Claire Bretécher, le crayon réaliste d’une grande dessinatrice

C’est la première rétrospective consacrée à Claire Bretécher, auteur de bande dessinée et créatrice de personnages aussi célèbres que « Les Frustrés » ou encore « Agrippine ». La BPI du Centre Pompidou présente une artiste reconnue pour son incomparable talent à croquer avec humour la société française et particulièrement la famille, le couple et la bourgeoisie.

Claire Brétecher ? C'est d'abord une pionnière. La première dessinatrice de presse à s'imposer au début des années 1970 dans un univers graphique uniquement composé d'hommes.

Drôle et talentueuse

Proche de Gotblib, amie plus tard de Wolinski, Bretécher affine son style dans le magazine Pilote et définit très vite les contours d'un univers qui sera reconnaissable au premier coup d'œil : « D’abord, c’est une grande artiste. Une grande dessinatrice. Elle commence à s’affirmer dans Pilote où elle dessine les Salades de saison qui sont une préfiguration des Frustrés qu’elle va ensuite dessiner dans le Nouvel Observateur en 1973, explique Isabelle Bastian-Dupleix, l'une des commissaires de l'exposition au Centre Pompidou. Elle est drôle, talentueuse, très exigeante et elle travaille beaucoup. Sa spécificité est aussi qu’elle s’intéresse aux rapports humains et aux relations sociales. Elle a une sorte d’œil aiguisé pour sentir et retranscrire l’air du temps et en même temps la permanence des relations humaines. »

Quand Claire Bretécher croque la société française

Observatrice, caustique, à la fois féministe, mais féroce envers les extrémistes, Claire Bretécher croque entre les années 1980 et 2000 une société française en pleine mutation : divorce, monoparentalité, famille recomposée, homosexualité acceptée, rien n'échappe au coup de crayon réaliste de la dessinatrice.

Le phénomène Agrippine

Claire Bretécher est même la première à s'intéresser à l'adolescence avec un personnage devenu une référence: Agrippine. « C’est une adolescente assez insupportable dont la principale motivation est de voir ses copains et puis de soutirer l’argent de poche à son père qu’elle adore, mais elle est toujours en conflit avec sa mère, sa famille. Elle a beaucoup représenté Agrippine dans sa chambre en désordre, ne travaillant pas, tout le temps collé ou attendant des coups de fil. Elle est insupportable, mais en même temps, elle est aussi capable de grandes affections, notamment pour Zonzon, son arrière-grand-mère. Donc, oui, elle a contribué à la reconnaissance de la spécificité de cette période de la vie. »

Adolescents, petits ou grands, tout le monde peut se reconnaitre dans cette exposition Claire Bretécher, à visiter à la Bibliothèque publique d’information du Centre Georges Pompidou-Paris, jusqu'au 8 février.

 

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